Le procureur a réclamé jeudi deux ans de prison avec sursis contre Lise Han, principale accusée de l'affaire des "mariages chinois" à Tours, tout en présentant l'ancien maire de la ville, Jean Germain, qui s'est suicidé, comme "un commandeur" au centre de l'affaire.
Au dernier jour du procès, qui avait repris mardi devant le tribunal correctionnel de Tours, le procureur de la République, Jean-Luc Beck, a "regretté l'absence de Jean Germain", l'ex-sénateur-maire PS qui s'est suicidé le 7 avril dernier, à l'heure où devait s'ouvrir le procès.
Dans un sévère réquisitoire, le magistrat a décrit "un panier de crabes, avec un commandeur aujourd'hui décédé, des conseillers, des jaloux, des courtisans, une favorite"
M. Germain "ne relève plus de la juridiction des hommes", a souligné M. Beck, en rappelant que si l'ancien maire n'avait pas été convoqué devant le tribunal pour s'être enrichi personnellement, il était "un des personnages centraux de cette affaire" de prise illégale d'intérêt, détournement de fonds publics et escroquerie.
Évoquant la "relation intime" de l'ex-maire avec Mme Han, la principale accusée, le procureur a estimé que "certaines réactions de M. Germain sont inexplicables sans faire référence à certains aspects de sa vie privée".
Le tout puissant maire de Tours et président de la communauté d'agglomération avait nommé Mme Han en 2008 à son cabinet pour superviser les "noces romantiques" rassemblant des centaines de couples chinois en Touraine. Le marché revenait systématiquement à la société qu'elle n'a jamais cessé de gérer, en recourant à son mari comme "gérant de paille".
Après la parution en 2011 d'articles de presse à l'origine d'une enquête puis d'une instruction judiciaires, M. Germain avait imposé l'embauche de Mme Han à la Société publique locale (SPL) chargée de la promotion du tourisme tourangeau, dont il était le président.
- 'Joyeux montages' -
Durant toute la collaboration de la femme d'affaires d'origine taïwanaise avec M. Germain, "au lieu de se mettre en conformité avec la loi, on gomme simplement l'apparent par un habillage", a dénoncé le procureur, en parlant de "joyeux montages" destinés à garantir les marchés à la société Time de Mme Han.
"Où sont passés les 800.000 euros" versés à la société Time?" s'est exclamé M. Beck. "Pas en France, ça c'est sûr", a-t-il lui-même répondu, en évoquant des virements vers des comptes bancaires à Taïwan.
Le magistrat a pointé du doigt la responsabilité de François Lagière, l'ancien chef de cabinet du maire, et de Jean-François Lemarchand, directeur de la SPL, tous deux poursuivis pour complicité. Ils savaient "pertinemment que les marchés étaient bidon, que les factures étaient bidon". Sans eux, a affirmé le procureur, "rien n'aurait été possible" et ils ont failli à leur devoir de conseil et d'avertissement du maire sur les délits commis. "Conseillers ou courtisans, voilà la question", a-t-il résumé.
Le procureur a réclamé deux ans de prison avec sursis contre Mme Han. Disant vouloir privilégier l'indemnisation des collectivités locales victimes des détournements plutôt qu'une peine de prison, il a assorti le sursis d'une obligation de remboursement des sommes détournées, ainsi que d'une interdiction de sortie du territoire et de gérer une société.
Contre M. Lagière, il a demandé une peine de 18 mois de prison avec sursis et une interdiction pendant deux ans d'exercer une fonction publique. Reconnaissant à M. Lemarchand une "tentative" de résister à la volonté de M. Germain, il a demandé contre lui une peine de 12 mois de prison avec sursis et une amende de 30.000 euros.
Enfin, il a réclamé une peine de trois mois de prison avec sursis et 10.000 euros d'amende contre le mari de Mme Han, qui avait accepté de jouer les hommes de paille pour "rendre service" à son épouse.
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