Une fascinante "chambre des ancêtres" abritant le crâne de l'homme de Cro-Magnon, des Vénus de la préhistoire, une envolée de bustes illustrant la diversité humaine: le musée de l'Homme, métamorphosé, rouvre ses portes samedi à Paris après six ans et demi de fermeture.
On l'avait laissé vieilli, vétuste, à la recherche d'une nouvelle identité après le départ de ses collections d'ethnologie notamment pour le musée du Quai Branly. On le retrouve entièrement rénové, lumineux, avec ses larges volumes, sa vue sur la Tour Eiffel et une scénographie moderne, presque dépouillée.
Situé place du Trocadéro, le nouveau musée de l'Homme sera inauguré jeudi par le président François Hollande. Le public pourra le découvrir gratuitement pendant trois jours, de samedi à lundi.
Le musée s'appuie sur ses collections de préhistoire et d'anthropologie, auxquels s'ajoutent des objets d'ethnologie récemment acquis ou provenant notamment de donations.
"Je suis sur un petit nuage. C'est très émouvant de voir ce musée rouvrir", déclare à l'AFP Evelyne Heyer, commissaire générale de la "Galerie de l'Homme", le parcours permanent du musée qui se déploie sur 2.500 m2. "J'ai fait la grève au début des années 2000 pour qu'il continue d'exister mais à l'époque peu de gens y croyaient", ajoute cette anthropo-généticienne.
Plus de 96 millions d'euros ont été investis au total par l'Etat pour permettre à ce musée ouvert en 1938 de rentrer de plain-pied dans le XXIe siècle.
Le projet scientifique a été totalement repensé. La galerie permanente s'articule autour de trois questions fondamentales "Qui sommes-nous ? D'où venons-nous ?" mais aussi "Où allons-nous ?".
"L'homme fait partie du +buissonnement+ du vivant. En termes biologiques, il n'est pas +plus évolué+ que les autres" espèces, indique Evelyne Heyer.
Dans l'"abri des ancêtres", plongé dans le noir, le visiteur se confronte à ses origines: il se retrouve face au célèbre crâne de Cro-Magnon dit du "vieillard". Cet Homo Sapiens, datant d'environ 28.000 ans, a été retrouvé en 1868 en Dordogne.
- 'Redevenir modeste' -
A ses côtés, le crâne de "la Dame de Cavillon", teinté d'ocre rouge et recouvert de coquillages.
Il y a aussi les cousins: les hommes de Néandertal, représentés notamment par l'Homme de la Ferrassie, le site où il a été découvert en Dordogne.
Plus loin on découvre la trousse à outils de la préhistoire: des instruments pour couper, inciser, rainurer, gratter
La "salle des Trésors", maintenue dans la pénombre, abrite la Vénus de Lespugue, une petite statuette aux formes généreuses réalisée en ivoire de mammouth il y a environ 23.000 ans. Mais il y a aussi la toute petite "Vénus impudique" au sexe marqué par le sculpteur.
Le musée insiste sur la diversité humaine. Au coeur de la galerie de l'Homme, une structure de 11 mètres de haut sur 19 mètres de long présente une envolée de 90 bustes en bronze et en plâtre réalisés au XIXe siècle par des scientifiques à partir de moulages sur des populations autochtones d'Amérique, d'Afrique ou d'Asie.
La richesse des langues (7.000 recensées sur la planète) est évoquée de façon ludique, chacun étant inviter à tirer sur une langue pour l'entendre.
Tout au long du parcours, les scientifiques du musée ont eu à coeur de replacer l'Homme dans son environnement. "L'Homme a commencé à avoir un impact sur la planète à partir du Néolithique lorsqu'il se met à domestiquer la nature", relève Evelyne Heyer. "Il y a eu une explosion démographique et les maladies sont apparues."
Le parcours se termine par une interrogation sur le devenir de l'Homme: surexploitation des ressources, biodiversité menacée, "homme augmenté" grâce aux technologies.
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