La CGT a opté une nouvelle fois pour la politique de la chaise vide: elle a décidé mercredi de boycotter la quatrième conférence sociale du quinquennat, le 19 octobre, comme elle avait boudé la précédente, arguant d'un "contexte social tendu" notamment à Air France.
Cette décision a été prise par la commission exécutive (direction élargie), réunie à Limoges à l'occasion des 120 ans de la centrale, a indiqué à l'AFP une source interne.
"Etant donné le fond et la forme donnés à la conférence sociale et en tenant compte du contexte social tendu avec notamment le cas d'Air France et des derniers développements, nous avons considéré que nous ne pouvions pas être entendus", a expliqué devant la presse à Limoges le numéro un de la centrale, Philippe Martinez.
La CGT, selon lui, souhaitait évoquer à cette rencontre la question des "salaires et la réduction du temps de travail", thèmes qui ne figurent pas à l'ordre du jour de la conférence.
"L'objectif pour nous est que nous soyons entendus, et là les conditions ne sont pas réunies", a-t-il insisté.
Mardi, le leader de la CGT avait déjà laissé planer le doute sur sa participation, dénonçant les modalités de dialogue prôné par François Hollande, dans un climat social très dégradé après les violences à Air France.
L'union syndicale Solidaires a décidé également de boycotter la journée du 19 octobre, invoquant aussi la situation à Air France.
La conférence sociale réunira donc autour du gouvernement les six syndicats - CFDT, FO, CFTC, CFE-CGC, Unsa, FSU - et le patronat.
Dans la matinée, une rencontre des partenaires sociaux est prévue avec le président François Hollande, à laquelle le leader de la CGT ne participera donc pas.
En juillet 2014, la CGT avait déjà boycotté les travaux de la troisième conférence sociale- comme Force ouvrière, FSU et Solidaires- arguant du report d'un décret sur la pénibilité. Mais son numéro un, Thierry Lepaon, avait pris part à la rencontre avec le président Hollande en début de conférence.
Au début du mois, la CGT avait acté sa venue mais le conflit à Air France est passé par là avec les violences de quelques salariés le 5 octobre contre des cadres et l'interpellation de plusieurs d'entre eux.
- "Climat social difficile" -
Le gouvernement a condamné ces actes, le fait de "voyous", selon le Premier ministre Manuel Valls.
M. Martinez avait reproché a l'exécutif de ne pas dénoncer avec la même véhémence la "violence" du plan de la direction menaçant 2.900 emplois. Il a jugé "proprement scandaleuses" les interpellations lundi des cinq salariés qu'"on a été chercher chez eux à 6 heures du matin, devant leurs familles, devant leurs enfants".
Un délégué CGT des chantiers navals STX, Sébastien Benoit, avait refusé mardi de serrer la main du président Hollande, déclinant de "lui rendre la politesse" au regard "de ce qui se passe à Air France".
Côté exécutif, la tonalité a pourtant changé: François Hollande a dénoncé mardi non seulement la "brutalité dans les mouvements" mais aussi "la brutalité d'un certain nombre de décisions qui peuvent être celles des patrons". Il a estimé qu'à Air France, il faut "un accord qui préserve l'emploi" et "assure la compétitivité".
"Si nous voulons éviter des confrontations, des violences, des stigmatisations, il faut dialoguer", a assuré le président, qui a voulu faire du dialogue social la marque de son quinquennat.
La ministre de l'Ecologie, Ségolène Royal, a préconisé mercredi la suspension du plan de restructuration d'Air France tandis que sa collègue Myriam El Khomri (Travail) a demandé à la compagnie aérienne de mettre "plusieurs propositions sur la table" pour que son plan de restructuration menaçant 2.900 emplois ne soit pas "la seule solution"..
"Le climat social est difficile", a reconnu Mme El Khomri, estimant que la conférence sociale est une "occasion d'échanger et de proposer". La CGT est restée sourde à son appel.
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