Le Front national a été spectaculairement ramené mercredi sur le terrain judiciaire, après le refus par Marine Le Pen de se rendre à une convocation des juges dans l'enquête sur le financement du parti, et une assignation du parti par Jean-Marie Le Pen pour demander sa réintégration.
Après avoir mis en examen le Front national, les juges d'instruction veulent entendre sa présidente Marine Le Pen, mais la candidate aux régionales, qui met en cause les magistrats, a refusé de se rendre à une convocation prévue mardi.
Elle était convoquée pour être entendue comme témoin assisté par les juges Renaud van Ruymbeke et Aude Buresi, qui soupçonnent le parti d'extrême droite, l'un de ses mouvements satellites, Jeanne, et leur imprimeur, Riwal, d'avoir mis en place un système d'enrichissement frauduleux lors des législatives de 2012. Neuf personnes physiques ou morales ont déjà été mises en examen.
Dans un message écrit, Marine Le Pen a confirmé à l'AFP ne pas s'être rendue à cette audition au pôle financier, en faisant valoir qu'une requête en suspicion légitime contre ces magistrats avait été déposée quelques jours plus tôt par le FN. Elle n'a pas fait d'autre commentaire, mais selon une source proche du dossier, Marine Le Pen considère que les garanties d'impartialité ne sont pas réunies.
Cette requête vise à demander à la chambre criminelle de la Cour de cassation de dessaisir la juridiction en charge du dossier et de dépayser l'affaire. Mais une telle procédure ne suspend pas le cours des investigations et la convocation de la dirigeante frontiste a été reportée à une date ultérieure. Les régionales, où une victoire de Marine Le Pen en Nord-Pas-de-Calais-Picardie n'est pas à exclure, auront lieu les 6 et 13 décembre.
- Le Pen réclame deux millions d'euros au FN -
Au même moment, Jean-Marie Le Pen, exclu le 20 août après un long bras-de-fer avec sa fille Marine, a relancé la guérilla judiciaire avec le parti qu'il a co-fondé en 1972 en l'assignant pour demander sa réintégration.
La procédure, annoncée de longue date, a tardé à se concrétiser, notamment à cause de soucis de santé affectant M. Le Pen en septembre. Elle ouvre la perspective d'une audience devant le tribunal de grande instance (TGI) de Nanterre (Hauts-de-Seine), à une date qui reste à déterminer.
Selon cette assignation, dont le journal L'Opinion a publié des extraits, M. Le Pen demande sa "réintégration parmi les membres" du parti. Il demande aussi à la justice d'affirmer que son exclusion en tant que membre ne le privait pas "en tout état de cause" de son statut de président d'honneur et des prérogatives qui y sont liées, notamment l'appartenance de droit à toutes les instances du parti.
Dénonçant "un grand nombre de voies de fait", l'avocat de M. Le Pen, Me Frédéric Joachim, réclame en outre deux millions d'euros de dommages et intérêts en réparation "du très grave préjudice" porté "à la fonction de président d'honneur" ainsi qu'"à sa dignité, à son honneur, à sa notoriété et à son action politique".
M. Le Pen, 87 ans, a été sanctionné par le bureau exécutif, instance suprême du FN, après une série de provocations guère nouvelles sur le fond à propos de la Shoah et du maréchal Pétain, jugées pénalisantes pour la stratégie de "dédiabolisation" du parti menée par sa fille.
Une troisième affaire judiciaire touche le FN: Marine Le Pen doit se rendre le 20 octobre au tribunal correctionnel de Lyon, où elle sera jugée pour incitation à la haine raciale, après avoir comparé, fin 2010, les "prières de rue" des musulmans à l'Occupation allemande.
Le FN voit une forme d'acharnement dans ces différentes procédures, engagées pour certaines il y a plusieurs années, et dénonce une justice sous influence du pouvoir politique, qui voudrait ainsi barrer la route à son ascension.
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