De la petite délinquance à des vols avec arme en passant par le viol d'un codétenu, la cour d'assises de Rennes est revenue mardi sur le parcours chaotique de Tony Meilhon, jugé en appel pour le meurtre de Lætitia Perrais, 18 ans, en 2011.
Pour le meurtre et le démembrement de la victime, Tony Meilhon, aujourd'hui âgé de 36 ans, a été condamné en juin 2013 à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d'une période de sûreté de 22 ans et d'une mesure de rétention de sûreté. C'est cette dernière mesure qui a motivé son appel.
Dès 1995, Tony Meilhon, alors âgé de 16 ans, verse dans la délinquance et commet ses premiers vols, rappelle le président de la cour d'assises d'appel, Philippe Dary. L'accusé est décrit durant son parcours scolaire comme un être "agressif, meneur, souvent rejeté par les autres élèves".
"Il s'enferme dans une situation d'échec et de rejet", soulignent les premiers rapports éducatifs.
A partir de 1996, l'accusé va de condamnation en condamnation: entre octobre 1996 et février 2010, il va passer onze années en prison, soit près de "la moitié" de sa vie, souligne le président Dary.
C'est au cours d'une de ses incarcérations en 1997 qu'il va s'en prendre à un codétenu, suspecté d'abus sexuel sur sa petite s?ur.
"On vous reproche d'avoir rendu une sorte de justice expéditive", avec le viol du codétenu avec un objet, souligne le président. "J'ai vengé la petite fille, il y a une chose qui est sûre, c'est qu'il n'a jamais récidivé", répond Tony Meilhon, debout dans le box, encadré par quatre gendarmes lourdement équipés.
Tony Meilhon, veste noire sur chemise blanche, crâne rasé et petite moustache, a d'abord répondu calmement aux questions, justifiant notamment la violence marquant son adolescence par la séparation de ses parents, un beau-père autoritaire, violent -des violences "pas que verbales", assure-t-il.
- Converti à la religion musulmane -
"J'ai un mal-être, un manque affectif. Je rentre dans un foyer, j'ai droit à un bizutage et j'en viens à reproduire des choses que j'ai subies", explique celui qui sera placé dans différentes institutions dès ses 12 ans.
Il n'a néanmoins pas perdu sa combativité, critiquant âprement le choix des questions des avocats des parties civiles et de l'avocat général.
La prison? Il ne l'aime pas, confie-t-il. "Mais quand j'y suis, j'ai un certain équilibre: () ça ne me dérange pas de travailler, j'ai un bon comportement", dit-il.
Tony Meilhon annonce en outre s'être converti en mai-juin 2015 "à la religion musulmane". "J'ai trouvé ma voie, a-t-il dit, j'ai trouvé une paix intérieure. Cette religion apporte beaucoup de soutien."
Mais le président lit alors un rapport sur son comportement récent en détention qui contraste avec ses dires. Il y est question d'attitudes provocantes lors de perquisitions de recherche de drogues mais aussi de sa "relation étroite" avec un détenu à l'isolement comme lui à Rennes, l'islamiste Djamel Beghal, un choix de fréquentation "ambigu", souligne l'administration pénitentiaire.
M. Beghal, proche de Chérif Kouachi et Amedy Coulibaly, deux des auteurs des attentats de début janvier à Paris, a été condamné pour un projet d'attentat contre l'ambassade des États-Unis à Paris, pour ses liens présumés avec Al-Qaïda après un long séjour an Afghanistan et pour un projet d'évasion. Il a aussi été condamné en septembre pour avoir utilisé un téléphone portable, découvert dans sa cellule, dans la prison de Rennes, peu après l'attentat contre Charlie Hebdo.
Ce n'est que mercredi, après l'audition des experts, que le meurtre de Lætitia Perrais sera abordé, avec les premiers témoins.
Tony Meilhon reconnait dorénavant le meurtre de Lætitia Perrais, dans la nuit du 18 au 19 janvier 2011. Mais il conteste avoir agressé sexuellement la jeune apprentie, qui travaillait dans un hôtel-restaurant de la Bernerie-en-Retz (Loire-Atlantique). Il conteste aussi avoir démembré le cadavre, retrouvé dans deux étangs distants de plusieurs kilomètres.
Il accuse pour ces faits un mystérieux "Monsieur X", dont le parquet, affirme l'avocat de Tony Meilhon, Me Fathi Benbrahim, connaît le nom. "Le +Monsieur X+, oui, on aura le nom" pendant le procès, assure-t-il.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousA lire aussi
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.