La campagne de vaccination contre la grippe est lancée avec un vaccin plus efficace que l'an dernier mais les spécialistes s'inquiètent du déclin du nombre de personnes vaccinées et de la défiance d'une frange de la population.
Le vaccin, disponible dans les pharmacies, sera beaucoup plus efficace cette année que l'année dernière car il prend en compte la souche du virus H3N2 qui a sévi de façon dominante l'hiver précédent et qui n'était pas présente dans le vaccin, assurent les experts.
Les personnes les plus âgées sont particulièrement vulnérables aux souches de type H3.
"La surveillance des premiers virus en circulation montre qu'ils sont les mêmes que ceux dans le vaccin, ce qui n'était pas le cas l'an dernier", souligne le Pr Bruno Lina, spécialiste des virus et responsable du Centre national de référence sur la grippe. Ce constat rassurant a également été fait mi-septembre par les autorités sanitaires américaines qui jugent aussi que le vaccin sera plus efficace cette année.
En moyenne, la protection apportée par le vaccin est aux alentours de 60%, avec des variations selon l'âge, note le Pr Lina. Celui de cette année devrait atteindre le même niveau. La vaccination est particulièrement recommandée pour les 65 ans et plus, et les personnes fragilisées par la maladie (insuffisance cardiaque, pulmonaire, asthme).
L'an dernier, l'épidémie de "forte ampleur" a contribué à une surmortalité hivernale record de 18.317 décès en France, selon un bilan de l'Institut national de veille sanitaire (InVS).
Sans être la plus forte des 30 dernières années, cette épidémie a été l'une des plus importantes observée depuis la mise en place du système d'évaluation en 2006-2007.
En première ligne des victimes, les plus de 65 ans, qui ont représenté 90% de ces morts supplémentaires pendant les neuf semaines d'épidémie.
La grippe a eu aussi un coût important : elle a donné lieu à près de 3 millions de consultations, 30.000 passages aux urgences et plus de 3.000 hospitalisations.
- Effet de groupe -
Scepticisme face à un vaccin bien moins efficace qu'attendu ou négligence ? la proportion de vaccinés parmi les plus de 65 ans -de l'ordre de 60% il y a 5 ans- est passée en dessous de 50% l'hiver dernier, d'après des données citées par l'InVS.
La baisse a surtout concerné les 65-70 ans, qui se considèrent comme trop jeunes, relève le Pr Lina.
"Je ne peux pas me résoudre à ce que seulement 43% des personnes de plus de 65 ans aient été vaccinées ()", déplorait en mars dernier Marisol Touraine, ministre de la Santé.
Des chiffres bien inférieurs aux 75% de couverture vaccinale chez les plus de 65 ans qui permettrait d'éviter environ 3.000 décès par an lors d'une épidémie normale, selon l'InVS.
Cette année encore, 7 Français sur 10 n?envisagent pas de se faire vacciner contre la grippe, selon un sondage Ifop réalisé pour le Groupement de pharmacies PHR. Parmi eux, 52% invoquent l'inutilité du vaccin et 22% le jugent risqué. Une désaffection alimentée par le controversé professeur Henri Joyeux qui assure que le vaccin antigrippe est une "arnaque des laboratoires".
Bonne nouvelle toutefois, les intentions de se faire vacciner augmentent avec l?âge : 68% des 65 ans et plus, -une des cibles de la campagne de vaccination -, se disent prêts à passer à l?acte, selon ce sondage réalisé en septembre.
La vaccination n'a pas seulement pour effet de se protéger à titre individuel. Elle a aussi un effet de groupe en termes d'immunité : en étant vacciné, on contribue à réduire la transmission de la grippe dans la population, en particulier chez les plus vulnérables.
Des études l'attestent. Les Américains ont ainsi montré qu'en vaccinant environ 35% de la population générale, on réduit les risques chez les plus fragiles (entre 20 et 30% d'infectés de moins chez les plus de 65 ans et dans les groupes à risque), souligne le Pr Lina.
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