Jean-Christophe Cambadélis a revu lundi à la baisse la participation attendue le week-end prochain au référendum des sympathisants du parti sur la stratégie d'alliance de la gauche aux élections régionales, signe d'une difficulté à mobiliser pour cette consultation qui continue de diviser à gauche.
Un premier recul ? Le 29 septembre, en lançant officiellement cette initiative, le premier secrétaire du PS indiquait qu'il serait "satisfait" si ce référendum parvenait à réunir 300.000 votants. Mais sur France Inter lundi matin, le député de Paris a préféré évoquer le chiffre de 200.000 votants.
Au dernier congrès du PS, "il y a eu environ 80.000 votants, (sur) 120.000-130.000 encartés. Le double (du nombre d'encartés), ça serait bien", a pour sa part estimé le député Carlos da Silva, proche de Manuel Valls.
Au plan pratique, le PS a prévu 5.000 urnes réparties dans un minimum de 2.000 points de vote. Selon plusieurs journaux, les cadres PS ont tous reçu, avec plus ou moins d'ironie, un message téléphonique pré-enregistré de M. Cambadélis les exhortant à participer au processus.
La consultation sera ouverte de vendredi à dimanche, sur les marchés ou sur un site internet dédié dont l'adresse (referendum-unite.com) ne laisse guère de doute sur le sens de la man?uvre.
"La gauche veut l'unité, il n'y a aucune raison que nous soyons divisés dans les régions que nous gouvernons ensemble depuis près de quinze ans", a martelé M. Cambadélis qui continue, sans trop d'illusions, de prôner l'alliance dès le premier tour.
Sauf que cette initiative --ce "coup de maître", aurait dit Manuel Valls-- ne fait pas l'unanimité, même au sein du PS. "Les militants ne sont pas du tout convaincus par l'intérêt de la démarche et n'apprécient pas non plus de ne pas avoir été consultés. Certains pensent que, pour rassembler la gauche, le plus efficace serait de mener une politique de gauche", fait-on valoir du côté des "frondeurs".
Même tonalité au PCF. "Pourquoi et comment voulez-vous que la gauche se rassemble autour d'Emmanuel Macron ?", résume Pierre Laurent, tandis que chez les écologistes, ce référendum est interprété comme un signe de "panique" selon les termes d'Emmanuelle Cosse (Europe Ecologie-les Verts).
- Refus du Parti de gauche de toute alliance avec le PS -
De fait, les alliés potentiels du PS n'ont, comme en 2010, aucunement l'intention de ne pas concourir sous leurs propres couleurs au premier tour de ce scrutin proportionnel. A l'exception de la Bretagne où les écologistes s'étaient maintenus face à Jean-Yves Le Drian, et du Limousin où le Front de Gauche avait choisi d'affronter les socialistes, un accord national avait été passé entre les deux tours, permettant à la gauche de conserver la quasi-totalité des régions et de confirmer le quasi grand chelem de 2004.
En quoi la donne a-t-elle changé en 2015 ? Par les scores annoncés historiques du Front national, en position de remporter le Nord-Pas-de-Calais/Picardie et Paca. Or dans ces deux régions, les écologistes ont refusé l'alliance avec le PS et se sont tournés vers le Front de Gauche. Front de Gauche au sein duquel le Parti de Gauche de Jean-Luc Mélenchon n'envisage même plus la moindre alliance avec le PS au second tour.
C'est sans doute ce dernier point qui inquiète le plus M. Cambadélis. "J'ai enregistré avec satisfaction les déclarations de Pierre Laurent disant qu'au deuxième tour, il était favorable à l'unité, ce qui n'est pas la position de Jean-Luc Mélenchon, et celle de Cécile Duflot qui pourtant défendait une alliance avec Jean-Luc Mélenchon et qui s'est déclarée favorable à l'unité", a-t-il déclaré lundi.
Cette nécessité d'unité, "comme les appareils ne l'ont pas entendue, on s'adresse aux électeurs", résume Carlos da Silva. Au risque de se voir taxer de "chantage au FN", accusation lancée par le porte-parole d'EELV Julien Bayou qui organise un contre-référendum pour réclamer au PS une "politique de gauche".
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