Le président sortant Alexandre Loukachenko était assuré d'être réélu pour un cinquième mandat à la tête du Bélarus après la fermeture des bureaux de vote dimanche, au terme d'un scrutin couru d'avance et boycotté par l'opposition.
M. Loukachenko, 61 ans, s'apprête à étendre ses 21 ans de pouvoir alors que les Européens envisagent de lever les sanctions prises à l'égard de celui que Washington a surnommé le "dernier dictateur d'Europe", régulièrement accusé de graves atteintes aux droits de l'homme, de réprimer l'opposition et de museler la presse.
Plusieurs instituts ayant réalisé des sondages à la sortie des urnes ont annoncé à la télévision publique que le président sortant, qui concourrait contre trois candidats quasiment inconnus, était crédité de plus de 80% des voix.
La participation a elle été estimée à 18H00 (15H00 GMT) à 81,8% selon la Commission électorale centrale, confortant le souhait d'Alexandre Loukachenko de voir le scrutin reconnu par les Occidentaux malgré les appels au maintien des sanctions de l'opposition et la lassitude des électeurs.
Le vote a été surveillé par des observateurs de l'OSCE, mais l'opposition estime que le président a déjà faussé les cartes en empêchant ses dirigeants de se présenter.
Si le résultat ne laisse que peu de place au suspense, la réaction de l'Union européenne est beaucoup plus attendue, les 28 envisageant de lever les sanctions qui frappent depuis 2011 le président bélarusse en protestation contre la répression violente qui avait suivi sa réélection en 2010.
Les Européens veulent notamment s'assurer qu'"il n'y a pas de nouvelles arrestations d'opposants, pas de violence, pas de persécution de la presse", a expliqué un diplomate à l'AFP.
M. Loukachenko, au pouvoir depuis 1994, a effectivement multiplié les gestes de bonne volonté ces derniers mois, libérant notamment cet été les derniers prisonniers politiques du pays, parmi lesquels l'opposant numéro un Mikola Statkevitch, relâché fin août après cinq ans de prison.
Ce geste a été apprécié par Bruxelles, qui se donne jusqu'à la fin du mois pour décider de la suite à donner aux sanctions.
- 'Dictature douce' -
Aucun des poids lourds de l'opposition démocratique n'a toutefois été autorisé à se présenter au scrutin, leurs candidatures ayant été rejetées par la Commission électorale centrale pour différentes raisons. L'opposition a, en réaction, appelé au boycottage des élections.
Convaincu que sa libération de prison avait pour but d'amadouer les Occidentaux, M. Statkevitch a appelé au maintien des sanctions.
"S'ils sont ensemble avec ce criminel, alors on pourra dire que la démocratie vantée (par les Européens), ce n'est que des mots", a-t-il estimé.
Le nouveau prix Nobel de littérature, Svetlana Alexievitch, a elle aussi mis en garde les Européens contre tout rapprochement avec celui qui se fait appeler "batka", le "petit père" du Bélarus.
"Tous les quatre ans, de nouveaux responsables européens viennent au pouvoir et pensent pouvoir régler le problème Loukachenko sans savoir qu'il est un homme indigne de confiance", a-t-elle déclaré, qualifiant son régime de "dictature douce".
Seule une des trois adversaires de M. Loukachenko, Tatiana Korotkevitch, 38 ans et soutenue par 17,9% des électeurs selon un sondage indépendant, a fait un semblant de campagne, même si la plupart des opposants minimisent sa portée.
"Ici, le président a des tonnes de pouvoirs, allant de la sécurité à l'économie. De tels pouvoirs qu'une personne portant une jupe ne peut pour le moment obtenir", a lancé M. Loukachenko après avoir déposé son bulletin dans l'urne aux côtés de son fils de 11 ans, Nikolaï.
Il a en outre prévenu l'opposition qu'il ne tolérerait pas d'éventuelles manifestations après le scrutin, comme ce fut le cas en 2010.
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