Les Bélarusses se rendent aux urnes dimanche pour un scrutin présidentiel au terme duquel Alexandre Loukachenko est assuré de remporter un cinquième mandat, après 21 ans aux commandes du pays et alors que les Européens envisagent de lever les sanctions prises à son égard.
Qualifié de "dernier dictateur d'Europe" par Washington à cause de son piètre bilan en matière de respect des droits de l'Homme et de la liberté de la presse, de la répression de l'opposition et de ses réélections entachées de fraudes, Alexandre Loukachenko, 61 ans, affronte trois candidats quasiment inconnus.
Il veut obtenir pour ce scrutin, boycotté par l'opposition et marqué par la lassitude des électeurs, un taux de participation convaincant pour que l'élection soit reconnue par les Occidentaux.
La participation a atteint près de 75% à 16H00 (13H00 GMT), selon la Commission électorale. La télévision nationale a annoncé que certains bureaux de vote avaient prévu de distribuer de la nourriture et de présenter des concerts aux électeurs pour "créer une atmosphère de vacances".
Venue en chaise roulante avec sa fille de trois ans, Lioudmila Vauchok, une championne paralympique, explique avoir voté pour le président Loukachenko, qui a apporté "calme et stabilité" au pays.
Plusieurs autres votants ont exprimé leur appui au président sortant. "Il ne se soumet à personne, il protège les intérêts de son peuple", estime Valentina Artiomovna.
Des observateurs internationaux de l'OSCE surveillent le scrutin, mais l'opposition estime que le président a déjà faussé les cartes en empêchant ses dirigeants de se présenter.
Si le résultat du vote ne laisse que peu de place au suspense, la réaction de l'Union européenne est beaucoup plus inattendue, les 28 envisageant de lever les sanctions qui frappent depuis 2011 le président bélarusse en protestation contre la répression violente qui avait suivi sa réélection en 2010.
Les Européens veulent notamment s'assurer qu'"il n'y a pas de nouvelles arrestations d'opposants, pas de violence, pas de persécution de la presse", a expliqué un diplomate à l'AFP.
M. Loukachenko, au pouvoir depuis 1994, a effectivement multiplié les gestes de bonne volonté ces derniers mois, libérant notamment cet été les derniers prisonniers politiques du pays, parmi lesquels l'opposant numéro un Mikola Statkevitch, relâché fin août après cinq ans de prison.
Ce geste a été apprécié par Bruxelles, qui se donne jusqu'à la fin du mois pour décider de la suite à donner aux sanctions.
- "Dictature douce" -
Aucun des poids lourds de l'opposition démocratique n'a toutefois été autorisé à se présenter au scrutin, leurs candidatures ayant été rejetées par la Commission électorale centrale pour différentes raisons. L'opposition a, en réaction, appelé au boycottage des élections.
Convaincu que sa libération de prison avait pour but d'amadouer les Occidentaux, M. Statkevitch a appelé au maintien des sanctions.
"S'ils sont ensemble avec ce criminel, alors on pourra dire que la démocratie vantée (par les Européens), ce n'est que des mots", a-t-il estimé.
Le nouveau prix Nobel de littérature, Svetlana Alexievitch, a elle aussi mis en garde les Européens contre tout rapprochement avec celui qui se fait appeler "batka", le "petit père" du Bélarus.
"Tous les quatre ans, de nouveaux responsables européens viennent au pouvoir et pensent pouvoir régler le problème Loukachenko sans savoir qu'il est un homme indigne de confiance", a-t-elle déclaré, qualifiant son régime de "dictature douce".
Seule une des trois adversaires de M. Loukachenko, Tatiana Korotkevitch, 38 ans et soutenue par 17,9% des électeurs selon un sondage indépendant, semble faire campagne, même si la plupart des opposants minimisent sa portée.
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