"Vous n'allez pas devenir Mino Raiola ou Jean-Pierre Bernès tout de suite!": le directeur de l'EAJF, l'ENA des agents de joueurs de football, met en garde ses élèves, qui rêvent tous de ce métier de stars et de paillettes.
Au pays des Grandes Écoles, la France en possède même une pour ses futurs agents de joueurs, une des professions les plus décriées du football. Née il y a cinq ans à Paris, l'Ecole pour agents de joueurs de football (EAJF) s'étend désormais dans d'autres villes françaises, organisant ses sessions dans des stades, pour s'imprégner du milieu, comme la douzaine de candidats présents au Vélodrome de Marseille début octobre.
Venus de différents horizons, âgés de 20 à 30 ans, ils espèrent conseiller un jour les meilleurs joueurs de la planète et croquer une part des 200 millions d'euros annuels de commissions pour les agents en Europe.
"Beaucoup d'hommes rêvent d'évoluer dans ce mélange de sport et de business", raconte à l'AFP Bastien Faupala (29 ans), un des élèves, policier municipal à Toulon, un tatoué au format de joueur de rugby, son autre passion. Mais il faut se montrer patient.
"Je vous en supplie, ne commencez pas par la Ligue 1, martèle le directeur de l'EAJF, Sidney Broutinovski. Au début vous n'aurez pas les épaules, commencez par la CFA2, la CFA, le National, il faut faire beaucoup de terrain" pour découvrir de jeunes joueurs prometteurs.
- Terrain plus que diplômes -
Broutinovski n'est pas lui même agent. Il a fondé cette école avec deux associés et se défend de "vendre du rêve" à ses 200 élèves. Comme une Sup de Co, l'EAJF possède sa Junior entreprise, le cabinet d'agents "Onze de légende", que ses meilleurs poulains peuvent intégrer.
Mais avant, ils suivent dix mois de formation, avec leçons par internet, deux sessions longues dans les stades (à Paris, Nantes, Lyon, Lille et Marseille), et un séminaire d'observation en club, à Auxerre (L2), en décembre.
Les aspirants se familiarisent certes avec les subtilités de la fonction. "Mais est-ce que c'est un métier qu'on apprend à l'école?", demande à l'AFP Jean-Pierre Bernès, numéro un des agents français.
"Cette école part d'un bon sentiment", ajoute le conseiller de Franck Ribéry ou Didier Deschamps, "c'est un plus d'avoir des connaissances, mon diplôme de sciences po' et ma licence en droit m'ont beaucoup servi, mais la concrétisation c'est sur le terrain. On croit que c'est facile, agent, mais pas du tout, il faut être solide."
"La négociation ne s'apprend pas à l'école", ajoute Bernès, qui juge que ces futurs agents sont un peu jeunes: "A 22, 23 ans vous manquez un peu d'expérience pour conseiller un joueur".
- 'Une +prépa+' -
"En fait c'est plus une +prépa+ qu'une école, explique un des profs de l'EAJF, Romain Stevenon, conseiller de Sports global management, société spécialisée dans l'organisation des matchs, chargé du droit du travail et du droit des associations.
Parmi les intervenants figurent des stars, comme l'ex-joueur Louis Saha ou le coach de Saint-Étienne Christophe Galtier.
Il s'agit surtout, pour 3.890 euros l'année, de préparer les élèves à passer le très sélectif examen d'agent. "Pour l'instant on est là pour bouffer du droit", note Bastien Faupala.
Cet examen se déroule en deux parties, le tronc commun d'agent sportif, en novembre, et le spécifique, en avril, centré sur les règlements LFP, FFF et Fifa. Et de ce point de vue c'est un succès, si le taux de réussite moyen est de 17%, l'EAJF vante un chiffre de 70% pour ses candidats.
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