Les hauts dirigeants de Volkswagen ont été informés des logiciels truqueurs début septembre, a déclaré jeudi le président du groupe aux Etats-Unis, soit quelques jours seulement avant l'officialisation des enquêtes des autorités américaines.
Michael Horn, premier responsable de VW à être entendu par le Congrès américain, a également annoncé que le groupe allemand n'entendait pas racheter les 430.000 véhicules équipés de moteurs diesel épinglés aux Etats-Unis mais prévoyait de les remettre aux normes.
Interrogé par des élus sur la date à laquelle il avait eu connaissance de l'existence des logiciels truqueurs, M. Horn a répondu: "aux alentours de la réunion du 3 septembre" 2015 entre le groupe automobile et un régulateur californien.
Dans le texte écrit de son témoignage mis en ligne mercredi sur le site du Congrès, M. Horn s'était montré plus ambigu.
"Au printemps de 2014 () on m'a dit qu'il y avait une non-conformité des émissions qui pouvait être corrigée. Je suis informé que les régulations de l'EPA (agence de protection de l'environnement) comprennent plusieurs sanctions pour non respect des normes d'émission", y déclarait-il.
Ces propos ont conduit nombre d'experts à penser qu'il était informé du problème des logiciels truqueurs plus d'un an et demi avant que celui-ci ne soit rendu public.
Mais jeudi, il a tenu à clarifier ses déclarations: "Je veux être clair: quand j'avais été mis au courant de la procédure de l'EPA, on ne m'avait pas dit et je n'avais moi-même aucune raison de suspecter ou de croire que nos véhicules étaient équipés d'un (tel) logiciel", a affirmé le responsable qui a par ailleurs présenté les "sincères excuses" du groupe.
- Flou sur réparations et indemnisations -
Sous la pression pendant plus de deux heures, l'allemand Michael Horn, costume cravate sur une chemise claire, lunettes austères, a pourtant été rarement mis en difficulté par les élus, faisant répéter les questions parfois deux à trois fois de suite.
Il a balayé l'idée que la décision ait pu être prise au haut niveau de l'entreprise: "Ce n'était pas une décision d'entreprise de ce que j'ai compris. Le conseil (de surveillance) n'a pas autorisé ceci", jure-t-il. "C'est un petit groupe d'ingénieurs spécialisés dans le développement des logiciels qui a mis ceci en place", assure-t-il. VW a déjà suspendu quatre salariés.
Les autorités américaines, notamment l'agence de protection de l'environnement américaine (EPA), avaient accusé le 18 septembre Volkswagen d'avoir installé un logiciel truqueur sur des voitures diesel, permettant de déjouer les contrôles anti-pollution.
Peu après, le groupe, qui encourt une amende pouvant se chiffrer à des dizaines de milliards de dollars, admettait que onze millions de voitures de par le monde, dont huit millions en Europe, en étaient équipées.
Depuis, de nombreuses enquêtes ont été ouvertes dont une investigation parlementaire, nombre d'élus américains voulant savoir qui a eu l'idée du logiciel truqueur et l'a mis en place, quand exactement, et quand les hauts dirigeants du groupe allemand ont été mis au courant.
"VW a trahi une nation. Il est temps de réparer les dégâts ou de quitter la route", a attaqué l'élu Fred Upton, tandis qu'un autre de ses collègues plaidait pour une "tolérance zéro" contre une telle "fraude systémique".
Selon Michael Horn, Volkswagen n'a pas l'intention de racheter les véhicules affectés mais plutôt de procéder à leur réparation, qui prendra de "un à deux ans au minimum".
Au-delà du logiciel, le groupe automobile pourrait être amené, d'après le dirigeant, à revoir d'autres pièces des véhicules, dont le réservoir d'essence, afin que ceux-ci répondent aux normes anti-pollution américaines une fois réparés.
VW planche également, selon lui, sur des indemnisations de consommateurs et devrait faire un geste financier vis-à-vis de ses concessionnaires.
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