Social, logement, éducation, défense des valeurs A 18 mois de la présidentielle, François Hollande, offensif sur tous les fronts depuis la rentrée, est en pleine accélération dans la course pour 2017, jouant la carte du président protecteur face aux extrêmes même si la hausse quasi-continue du chômage hypothèque toujours sa candidature.
Jeudi, dans le lieu symbolique du camp d'internement et de déportation des Milles, près d'Aix-en-Provence, c'est contre le racisme et les discriminations que le chef de l'Etat a mené la charge.
"La République ne connaît pas de races ni de couleurs de peau. Elle ne reconnaît pas de communautés. Elle ne connaît que des citoyens, libres et égaux en droit. Et ce n?est pas négociable", a-t-il lancé dans une allusion transparente aux propos polémiques de Nadine Morano promouvant la France "pays de race blanche".
Fustigeant "l'intolérance qui conduit à la discrimination, l?ignorance qui nourrit la haine, l?indifférence qui tolère ces dérives", il a rappelé les heures sombres des années 30 où toutes les digues avaient sauté au moment où en France et en Europe l'afflux de migrants libère la parole xénophobe.
La veille, dans l'enceinte même du Parlement européen, aux côtés de la chancelière Angela Merkel, il n'avait pas hésité à croiser le fer avec la présidente du FN, une de ses adversaires les plus résolues pour 2017, mettant en garde contre un retour "aux nationalismes, aux populismes, aux extrémismes".
Son entourage se félicitait jeudi de cette joute qui donne le ton de la campagne à venir. "Quelque part c'est bien qu il y ait un débat, clair, net tranchant avec le FN", confiait ainsi un de ses conseillers.
Lundi, c'est à La Mutualité, haut lieu des luttes sociales, qu'il avait choisi de répliquer aux accusations de "chienlit" proférées par Nicolas Sarkozy, qui s'en était pris aux syndicats, après les violences commises à Air France.
- Coup pour coup -
"Moi, je ne m'en prendrai jamais aux (corps) intermédiaires, aux corps sociaux, à ceux qui ont vocation à représenter justement les salariés, les employeurs", avait-il vertement répliqué à son prédécesseur en célébrant le 70e anniversaire de la Sécurité sociale.
D'autres déplacements au congrès des HLM, devant le Crous, dans des établissements scolaires ont rythmé depuis la rentrée l'agenda élyséen. Le président en profite régulièrement pour répliquer coup pour coup aux camps adverses, dans une sorte de pré-campagne qui ne dit pas son nom.
En privé en tout cas, François Hollande ne cache plus sa volonté de briguer un second mandat, planifiant déjà son entrée en lice contre son "meilleur" rival Nicolas Sarkozy.
"Quand le candidat de droite est choisi, la campagne est déjà commencée", expliquait-il récemment à des visiteurs, rappelant que son prédécesseur avait regretté de s'être lancé tard.
"Un président sortant veut toujours bénéficier du statut de président le plus tard possible", mais une entrée tardive comme celle de François Mitterrand en 1988 n'est plus envisageable, répète-t-il à ses proches.
Le chef de l'Etat soupèse également avec son équipe les avantages et inconvénients de l'adversaire qui sortira du chapeau des primaires chez les Républicains: une campagne "plus maîtrisée" sur les thèmes sensibles (immigration, identité) si Alain Juppé remporte la compétition. François Hollande voit dans l'ancien Premier ministre "un libéral au sens économique, ce qu'un Nicolas Sarkozy, beaucoup plus dans l'improvisation, n'est pas".
Les hypothèses vont bon train, mais il n'en reste pas moins que François Hollande a toujours au-dessus de lui l'épée de Damoclès du chômage, qui tutoie encore des sommets, alors qu'il a conditionné sa candidature à sa décrue.
Et si les victoires aux élections intermédiaires ne sont pas la condition pour l'emporter à la présidentielle, comme l'a démontré la défaite de Ségolène Royal en 2007, la Bérézina probable pour la gauche aux régionales handicaperait lourdement un président sortant qui connaît une impopularité record.
M. Hollande n'en a pas moins donné, jeudi, une petite leçon de philosophie politique à des délégués de classe d'un lycée des quartiers nord de Marseille en lâchant: "c'est toujours flatteur d'être élu mais ce n'est jamais humiliant d'être battu () On ne peut pas tout faire mais il faut faire ce que l'on peut".
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