Le destin de Blatter et Platini est entre les mains de la commission d'éthique de la Fifa, réunie jusqu'à vendredi, avec dans le pire des scénarios un carton rouge final pour le Suisse, patron du football mondial depuis 17 ans, et l'inéligibilité pour le Français, grand favori à sa succession.
L'imminence de cette réunion était un secret de Polichinelle, mais la Fifa était restée muette jusque-là. Les circonstances de cette officialisation sont rocambolesques: elle a fuité dans un communiqué du Sénégalais Abdoulaye Diop, membre de la commission, publié lundi à Dakar mais passé complètement inaperçu jusqu'à mercredi.
La nouvelle est pourtant d'importance. Véritable tribunal de la Fifa, la commission d'éthique, qui examine aussi depuis lundi le cas d'un autre candidat à la présidence, le Sud-Coréen Chung Mong-joon, pourrait en théorie décider de suspendre les trois hommes.
Un coup de tonnerre qui plongerait la Fifa dans le chaos en bouleversant la donne pour l'élection de son prochain président, le 26 février, avec la mise hors jeu du sortant Blatter et des deux principaux prétendants à sa succession. La date limite pour le dépôt des candidatures est fixée au 26 octobre.
- Platini pas encore entendu -
Blatter fait l'objet d'une procédure pénale suisse, notamment pour un versement en 2011 de 2 M CHF (1,8 millions d'euros) à Michel Platini, président de l'UEFA. Déjà entendu par la justice dans le cadre de ce dossier, l'ancien capitaine de l'équipe de France ne l'a toujours pas été par la commission d'éthique et n'a même pas reçu de convocation, selon son entourage, contacté mercredi par l'AFP.
Blatter est également accusé par la justice d'avoir "signé un contrat défavorable" à la Fifa avec l'Union caribéenne de football. Il aurait vendu très en-dessous des prix du marché les droits de diffusion TV des Mondiaux-2010 et 2014.
Quant à Chung, on lui reproche d'avoir voulu favoriser la Corée du Sud dans l'attribution du Mondial-2022, finalement octroyé au Qatar. De son propre aveu, il est sous la menace d'une suspension de 19 ans.
Les décisions qui seront prises par la commission d'éthique, peut-être dès vendredi, revêtent donc un énorme enjeu. Une décision de suspension serait certes susceptible d'appel devant la commission des recours de la Fifa, puis devant le Tribunal arbitral du sport (TAS), mais sans effet suspensif.
Une suspension, même de 90 jours, ou une interdiction d'activité liée au football, empêcherait donc Platini et Chung de se présenter à l'élection du 26 février.
Ce qui ne laisserait plus sur le terrain que des postulants de second ordre. Pour l'heure, le prince jordanien Ali bin Al Hussein, l'ancienne star du football brésilien Zico et le président de la Fédération du Liberia, Mussa Bility, ont fait acte de candidature, sans forcément avoir les parrainages nécessaires.
Un outsider pourrait également se lancer dans la course: le Sud-Africain Tokyo Sexwale, ancien compagnon de cellule de Nelson Mandela, nommé récemment à la tête du Comité de surveillance de la Fifa pour Israël et la Palestine.
- 'Tueur à gages de Blatter' -
Sollicitée par l'AFP, la commission d'éthique s'est à nouveau refusée à tout commentaire mercredi: "Nous sommes strictement limités dans nos possibilités de communiquer par l'article 36 du Code d'éthique", a répété son porte-parole, sans démentir ou confirmer la tenue de la réunion.
Président de la Fifa depuis 1998, Blatter, 79 ans, dont 40 ans à la Fifa, avait remis son mandat à disposition le 2 juin, quatre jours après sa réélection, en raison du scandale de corruption qui venait d'éclabousser la Fifa.
"J'arrêterai le 26 février. Après ce sera terminé. Mais pas un jour plus tôt", a-t-il martelé dans une interview au magazine allemand Bunte mercredi, rejetant une nouvelle fois l'idée d'un départ prématuré.
Le 29 septembre, dans un entretien à l'AFP, Platini avait de son côté affirmé avoir "personnellement pris l'initiative de contacter la commission d'éthique" pour s'expliquer. "Je ne crains aucune suspension car je n'ai rien à me reprocher".
Chung va plus loin en jugeant que les dés sont pipés. Selon lui, la commission d'éthique, "tueur à gages de M. Blatter", est téléguidée par ce dernier pour torpiller sa candidature.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.