L'UE passe mercredi à l'attaque contre les passeurs de migrants en Méditerranée, le jour où François Hollande et Angela Merkel, qui veulent incarner une Europe de la "solidarité" dans la crise des réfugiés, s'adressent ensemble au Parlement européen à Strasbourg.
C'est seulement la deuxième fois que le couple franco-allemand, souvent considéré comme un moteur au sein de l'Union européenne, s'adresse ainsi aux eurodéputés. Ils succèdent à François Mitterrand et Helmut Kohl, venus quelques semaines seulement après la chute du Mur de Berlin en 1989.
Le président français et la chancelière allemande devaient s'exprimer à partir de 15H00 (13H00 GMT).
Aux frontières extérieures du Vieux Continent, confronté à la pire crise de réfugiés depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, les Européens sont passés mercredi à une phase plus offensive dans leur opération contre les passeurs de migrants au large de la Libye.
Six bâtiments de guerre européens --italien, français, allemands, britannique et espagnol -- et leurs 1.300 soldats peuvent désormais arraisonner de force, inspecter, saisir et détruire les navires utilisés par les trafiquants qui exploitent la détresse des migrants, dans les eaux internationales.
Ils verrouillent ainsi toute la côte nord-ouest de la Libye de la frontière tunisienne jusqu'à Syrte, à l'exception toutefois d'une zone devant Tripoli, laissée ouverte afin d'éviter tout blocus maritime. Cette "porte" est le principal point de départ de milliers de réfugiés, mais aussi de ressortissants africains fuyant la misère, qui embarquent chaque semaine sur des radeaux de fortune à destination de l'Europe.
-'Sophia'-
Pour lui donner un visage plus humain, l'opération a été rebaptisée Sophia, du nom d'une fillette née après le sauvetage d'un embarcation en perdition, en août, par un bâtiment engagé par la marine allemande pour récolter du renseignement sur les réseaux criminels qui opèrent à partir des côtes libyennes.
Le Conseil italien pour les réfugiés (CIR) s'est insurgé contre ce déploiement militaire. "L'Union européenne () n'agit pas avec la même force pour ouvrir des canaux sûrs et légaux permettant aux personnes ayant besoin de protection de gagner l'Europe", a regretté son porte-parole, Christopher Hein.
L'autre route empruntée par les réfugiés syriens et irakiens, qui embarquent des côtes turques vers les îles grecques en mer Egée, puis rallient le nord de l'Europe via les Balkans, la Hongrie ou la Croatie, continue de voir affluer des milliers de personnes.
Trois trains sont partis de la frontière serbe vers la Hongrie en traversant la Croatie entre mardi et mercredi. Ce mode de transport est désormais privilégié par les autorités pour des questions d'efficacité: un train peut transporter jusqu'à mille personnes.
L'Europe, déjà durement secouée par la crise grecque cet été, a étalé ces dernières semaines ses divisions sur les mesures à prendre pour accueillir les demandeurs d'asile, mais aussi pour assurer le contrôle de ses frontières extérieures.
D'un côté, la Hongrie a fermé sa frontière avec la Serbie, désormais jalonnée de clôtures et barbelés, et entend rendre imperméable "dès que possible" celle avec son voisin croate. La Commission européenne a demandé mardi des "éclaircissements" à Budapest, notamment sur de nouvelles lois qui criminalisent le franchissement illégal de la frontière ou autorisant l'usage d'armes non létales contre les migrants.
De l'autre, l'Allemagne a accueilli à bras ouverts des centaines de milliers de réfugiés syriens.
Dans ce contexte, Angela Merkel et François Hollande ont rapidement fait front commun.
-'Pas les laisser tomber'-
Début septembre, en plein électrochoc après la publication de la photo d'un enfant irakien noyé sur une plage turque, ils ont mis tout leur poids derrière une proposition de la Commission européenne pour répartir équitablement au sein de l'UE 160.000 demandeurs d'asile déjà arrivés en Europe, afin de soulager la Grèce et l'Italie.
"Nous sommes bouleversés devant la souffrance déchirante de ceux qui viennent en Europe pour fuir la violence et le fanatisme", a souligné de son côté le roi d'Espagne, Felipe VI, également invité à s'exprimer mercredi devant les eurodéputés. "Ce sont des centaines de milliers de réfugiés pleins d'espoir, qui voient dans l'Union un territoire de paix, de prospérité et de justice. Nous ne pouvons pas les laisser tomber", a ajouté le souverain espagnol.
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