Les tables réinvestissent les terrasses de l'université à l'heure de la pause déjeuner, à la faveur des premiers rayons de soleil adoucis par le printemps qui débarque. Au coeur des conversations : les événements en Libye, les prochains examens de mai ou la dernière mouture d'Apple, l'iPad2. Rares sont les jeunes à évoquer la prostitution étudiante qui, pourtant, sera le thème d'une première conférence sur le sujet, jeudi 7 avril dans l'amphithéâtre Tocqueville.
Sur les hauteurs du campus, calfeutré dans un bureau à la décoration sommaire, Kiomars Sedaghati, psychologue à la Médecine préventive des étudiants, confie croiser le destin "de celles qui, chaque année, viennent me parler de leur mal-être avant d'avouer qu'elles ont des relations tarifées avec une personne et que cela ne leur plait pas. Mais jamais elles ne parlent de prostitution, d'autant que ce n'est pas toujours pour de l'argent. Ce peut être pour un logement, ou pour manger", ajoute-t-il. Pour Nadine Proia, professeur en psychologie clinique et pathologique à l'université, "la prostitution étudiante n'intéresse ni la justice ni la police, car elle n'est en rien un délit".
Les conditions de vie des étudiants en question
Ni vraiment tabou, ni facile à aborder, le sujet ne laisse pourtant personne indifférent. Nous n'en parlons pas assez et la conférence prévue est plutôt une bonne chose, estime Priska Izawa, 19 ans. A ses côtés, Nina Martin se veut plus directe : "C'est triste d'avoir à se prostituer pour financer ses études, car même si je ne cautionne pas le procédé, je comprends certaines personnes qui n'ont pas vraiment le choix". Au Nid, une association qui milite pour une société sans prostitution, "la prostitution étudiante est plus délicate à percevoir car elle est secrète, cachée", souligne une bénévole. Selon le syndicat Sud, 40 000 étudiants se prostituaient en France, en 2007. Un chiffre qui n'a cependant jamais été confirmé par un institut.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.