L'Union européenne s'est accordée avec Ankara sur un "plan d'action commun" qui prévoit la mobilisation de fonds européens et l'accueil en Europe de réfugiés qui affluent en Turquie, en échange de l'ouverture de centres d'accueil de demandeurs d'asile sur le territoire turc.
La crise migratoire sera mercredi au centre des débats au Parlement européen à Strasbourg en présence du président français François Hollande et de la chancelière allemande Angela Merkel, laquelle doit dans la soirée défendre sa politique d'ouverture aux réfugiés au cours d'une émission télévisée très attendue.
En Turquie, les Européens attendent notamment qu'elle ouvre six "centres de réception" de réfugiés co-financés par l'UE, une perspective jusqu'ici rejetée par le gouvernement turc.
Ils demandent aussi davantage de patrouilles et d'opérations de secours au large de ses côtes, et qu'elle reprenne les migrants économiques renvoyés par l'UE.
La mise en oeuvre de ce plan d'action "va contribuer à accélérer le processus de libéralisation des visas" pour les Turcs voulant voyager en Europe, a assuré la Commission européenne, qui a publié mardi une version provisoire du texte négocié avec Ankara.
Les autorités turques n'ont pas réagi dans l'immédiat. L'annonce intervient après un accord de principe trouvé entre les dirigeants des institutions européennes et le président turc, Recep Tayyip Erdogan, lundi à Bruxelles, a affirmé la Commission européenne.
La Turquie joue un rôle pivot: chaque jour, depuis ses côtes, embarquent des milliers de personnes pour les îles grecques de la mer Egée.
"Le plan d'action" liste "une série d'actions et de collaborations qui doivent être mises en oeuvre urgemment" pour maîtriser l'afflux de réfugiés de la Turquie vers l'UE.
Chacune des propositions de l'accord doit encore être approuvée par les deux parties, a indiqué l'exécutif bruxellois.
"Tout ce qui aidera les réfugiés, comme des centres de réception adéquats leur offrant de bonnes conditions () est bienvenu", s'est félicitée l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), basée à Genève.
"C'est un bon pas. Mais les besoins sont si grands, avec 20 millions de réfugiés dans le monde, sans compter les foules qui se déplacent maintenant de Syrie et d'autres endroits du Moyen-Orient et d'Afrique, que plus il y aura d'engagement en faveur de la réinstallation mieux ce sera", a déclaré à l'AFP son directeur général William Lacy Swing.
Les Européens, qui font face à la pire crise migratoire depuis la fin de la Seconde guerre mondiale, craignent l'arrivée de nouvelles vagues de réfugiés en raison de l'aggravation de la crise syrienne où l'aviation russe mène désormais des frappes contre les rebelles et groupes jihadistes en soutien au président Bachar al-Assad.
Dans un rapport publié mercredi, le groupe Oxfam a estimé que les efforts internationaux déployés pour aider les Syriens dans leur pays et à l'étranger se sont avérés "totalement insuffisants".
- 'Nouvelle vague' -
"Une victoire potentielle du régime d'Assad est plus probable aujourd'hui en raison de l'engagement de l'Iran et de la Russie en Syrie, et cela se traduira par une prochaine vague migratoire", a prévenu mardi le président du Conseil européen, Donald Tusk.
"Selon les estimations des Turcs, trois millions de réfugiés supplémentaires pourraient venir d'Alep et de ses environs", a-t-il insisté.
Le Premier ministre Ahmet Davutoglu avait rejeté avec véhémence la semaine dernière l'installation sur son sol des camps d'accueil et d'enregistrement des migrants souhaités par l'UE, la jugeant "inacceptable" et "inhumaine".
La Turquie, où la campagne pour les élections du 1er novembre bat son plein, craint surtout que ces "guichets" pour les candidats à l'asile --avec la perspective d'être peut-être transférés pour certains en Europe-- ne provoquent une ruée de candidats, alors qu'elle accueille déjà 2,2 millions de réfugiés syriens.
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