Manuel Valls a promis mardi des "sanctions lourdes" contre les "voyous" responsables des violences contre des dirigeants d'Air France et appelé les pilotes à la "responsabilité" dans la négociation du plan de redressement qui menace plusieurs milliers d'emplois dans les prochaines années.
Le Premier ministre a rencontré en fin de matinée au siège d'Air France, à Roissy, les deux dirigeants agressés lundi en marge du comité central d'entreprise (CCE). Les images chocs de Xavier Broseta, DRH de la compagnie, et Pierre Plissonnier, DRH du long-courrier, vêtements déchirés, s'échappant devant des salariés en colère, ont fait le tour du monde.
Des "images qui font mal à notre pays", a déploré Manuel Valls.
Selon lui, "ces agissements sont l'?uvre de voyous () Il faudra des sanctions lourdes à l'égard de ceux qui se sont livrés à de tels actes".
De son côté, François Hollande a réagi depuis Le Havre en condamnant des violences "inacceptables" qui peuvent avoir des "conséquences sur l'image, sur l'attractivité" de la France.
Le chef de l?État a souhaité "un dialogue responsable avec un patronat qui prend les décisions qui sont attendues et des responsables syndicaux qui jouent la carte, la seule possible, celle du compromis et de la négociation".
La crise à Air France a aussi donné lieu à une passe d'armes à distance entre Nicolas Sarkozy et Manuel Valls.
Devant les députés des Républicains, Nicolas Sarkozy s'est emporté contre "le délitement de l'Etat" et l'attitude de "syndicats qui ont pignon sur rue et ont tous appelé à voter pour François Hollande en 2012".
"C'est la chienlit", a-t-il lancé, s'attirant la réplique de Manuel Valls quelques heures plus tard. C'est un "mot dangereux", a dit le Premier ministre reprochant à Nicolas Sarkozy sa "remise en cause permanente des corps intermédiaires".
Côté justice plusieurs plaintes ont été déposées, par la compagnie et cinq cadres, selon la direction. Le parquet de Bobigny a ouvert une enquête.
Outre la procédure pénale, "une procédure disciplinaire est en cours", a précisé le PDG du groupe Air France-KLM, Alexandre de Juniac, sans dire toutefois si les auteurs des violences avaient été identifiés.
Une fois passée l'émotion, Air France va devoir sortir de la crise. Et malgré l'appel lancé par l'intersyndicale en faveur d'un "engagement fort", le gouvernement n'a pas l'intention de jouer les médiateurs.
- À Air France de trouver la solution -
L?État, qui possède 17% du capital, "assume et assumera ses responsabilités. Mais la solution pour Air France vient d'abord de l'entreprise elle-même", a déclaré le Premier ministre, ajoutant que "l'avenir de la compagnie est en jeu".
M. de Juniac a redit sa disponibilité. "L'essence de notre plan dit A était de rester dans les numéros un mondiaux. Du fait de l'échec des négociations, nous avons dû passer à un plan de restructuration. Si maintenant les organisations syndicales représentant les pilotes sont prêtes à de vraies négociations, notre porte est ouverte", a-t-il assuré.
Le plan alternatif de la direction, qui comporte une réduction de l'activité long-courrier, menacerait 2.900 postes, principalement au sol, entre 2015 et 2017.
La restructuration prévoit en 2016 le retrait de cinq avions, des réductions de fréquences et la non entrée dans la flotte de Boeing 787. Puis en 2017 la sortie de neuf autres appareils et la fermeture de cinq lignes en Asie.
L'enjeu pour les syndicats est d'éviter les licenciements, puis de réduire la portée du plan en cas d'accord sur la productivité. Certains syndicats redoutent jusqu'à 8.000 suppressions de postes au total.
Montré du doigt par le gouvernement, le syndicat majoritaire des pilotes SNPL a dénoncé une nouvelle fois mardi la "parodie de dialogue social" qui a conduit à l'échec des négociations sur de nouvelles mesures de productivité.
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