Trois jours après le déluge qui a dévasté plusieurs de ses quartiers, Cannes montrait des signes de retour à la normale mardi avec la réouverture symbolique d'une école primaire ou le retour du TGV, mais la ville porte encore les stigmates des inondations.
"Les enfants viennent à l'école, se rendent compte que tout va bien et que la vie continue", souligne devant sa classe de CM2 l'enseignante Marjorie Geoffroy, dont l'école primaire Saint-Exupéry, lourdement touchée par la montée des eaux, a rouvert mardi matin.
"Les élèves ont besoin de verbaliser énormément: l'un d'entre eux a été bloqué dans la voiture de ses parents, une autre nous a parlé de sa tante qui a tout perdu, il faut aussi leur expliquer qu'il y a eu des morts", précise l'enseignante, dont la salle de classe du premier étage a été épargnée.
Le bilan du déluge qui s'est abattu pendant trois heures samedi soir dans les Alpes-Maritimes, sur une bande côtière d'une trentaine de kilomètres de long, comprise entre Mandelieu-la-Napoule, Cannes, Antibes et Biot, s'élève à vingt morts et quatre disparus : deux Allemands dans le secteur d'Antibes et deux personnes dans celui de Cannes, dont la nationalité n'a pas été précisée.
La cour de l'école Saint-Exupéry, l'infirmerie et le local qui renferme le matériel de sport ont été dévastés par la boue. Celle-ci a été "nettoyée tant bien que mal dès dimanche matin par des enseignants, des personnels municipaux et des parents d'élèves", souligne la directrice de l'établissement, Martine Muracciole.
"Il y a une drôle d'atmosphère. Les plus petits ne réalisent pas vraiment, ils ne sont pas traumatisés, mais ils sont touchés", poursuit l'enseignante en charge d'une classe de CE1. Elle se félicite malgré tout "que les cahiers et les livres aient pu être sauvés".
Dans le centre de Cannes, l'effervescence est également de retour, alimentée par la tenue du Marché international des contenus audiovisuels (MipCom). De nombreux commerçants et restaurateurs doivent composer sans terminaux pour cartes bancaires, faute de connexion, provoquant des files d'attente inédites devant les rares distributeurs automatiques de billets approvisionnés.
"Pour la première fois depuis des années, j'accepte à nouveau les chèques et il m'est même arrivé dimanche de faire crédit jusqu'au lendemain, lorsque tous les distributeurs étaient vides", raconte Pierre, un bistrotier de la célèbre rue du Suquet, au coeur du vieux Cannes.
- Des rats attirés par les détritus -
Mardi matin, devant la gare, une file d'attente de plusieurs dizaines de personnes s'est formée, après l'annonce de la mise en place d'un TGV pour Paris.
"Nous avons réussi à faire en sorte qu'un TGV roule aujourd'hui, mais la situation reste très compliquée", indique la directrice régionale de la stratégie de la SNCF Nathalie Dorier, dans le hall principal, qui porte encore les stigmates du déluge.
Tous les appareils électriques, notamment les guichets automatiques, sont hors d'usage, contraignant les voyageurs à prendre leurs billets à bord des rames, et plusieurs parkings souterrains de cette gare flambant neuve sont encore inondés.
"Ca circule a minima: quelques trains régionaux, mais qui accusent cinquante minutes de retard depuis Nice, car obligés de rouler à seulement 20 km/h sur 30 km", explique la directrice régionale. Selon elle, la situation devrait revenir à la normale "à partir de samedi ou dimanche".
Dans le quartier de La Bocca, l'un des plus touchés par les intempéries, quelques commerces ont également rouvert. Les habitants continuent d'évacuer la boue des rez-de-chaussée et des trottoirs, au milieu d'épaves de voitures, toujours pas enlevées.
Un peu plus de 1.800 foyers - 1.200 à Mandelieu, 570 à Cannes et 66 à Antibes - restaient privés d'électricité mardi. Ils étaient 70.000 au plus fort de la crise samedi soir, selon ERDF.
Sur les plages cannoises, des "victimes" inattendues des inondations se manifestaient en masse et en couinements, en particulier sur celle du boulevard du Midi: des dizaines de gros rats avaient investi le sable lundi au crépuscule, attirés par les détritus, à la stupéfaction des habitués comme des touristes.
Un employé de l'assainissement relativisait: "ça n'est pas qu'il y en a plus que d'ordinaire, mais une fois que les réseaux sont pleins d'eau, le rat ne fait pas d'apnée: il s'échappe et se met à l'abri."
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