Manuel Valls a dénoncé mardi "les voyous" responsables des violences contre des dirigeants d'Air France et a appelé à la "responsabilité des pilotes" dans la négociation du plan de redressement qui pourrait menacer jusqu'à 3.000 postes d'ici 2017.
Le Premier ministre a rencontré en fin de matinée au siège d'Air France, à Roissy, les deux dirigeants agressés lundi en marge du comité central d'entreprise (CCE), mais aussi trois représentants des instances du personnel.
"Ces agissement sont l??uvre de voyous () Il faudra des sanctions lourdes à l?égard de ceux qui se sont livrés à de tels actes", a estimé le Premier ministre, devant le directeur des ressources humaines Xavier Broseta, dont les images torse nu au milieu de manifestants en colère ont fait le tour du monde, et Pierre Plissonnier, directeur des ressources humaines de l'activité long-courrier.
"Ces images font mal à notre pays", a-t-il ajouté.
De son côté, François Hollande a réagi pour la première fois en condamnant des violences "inacceptables" qui peuvent avoir des "conséquences sur l'image, sur l'attractivité" de la France.
Le chef de l'Etat a appelé "un dialogue responsable avec un patronat qui prend les décisions qui sont attendues et des responsables syndicaux qui jouent la carte, la seule possible, celle du compromis et de la négociation".
Le parquet de Bobigny a ouvert une enquête après une plainte déposée par la compagnie. Selon la direction, cinq cadres de l'entreprise, dont M. Broseta, ont aussi décidé de porter plainte.
Le PDG du groupe Air France-KLM Alexandre de Juniac a précisé en marge de la visite de M. Valls qu'"une procédure pénale et une procédure disciplinaire étaient en cours", sans indiquer toutefois si les auteurs des violences avaient été identifiés.
"C'est la chienlit", a réagi Nicolas Sarkozy, s'emportant contre "des syndicats qui ont pignon sur rue et ont tous appelé à voter pour François Hollande en 2012".
L'émotion à peine retombée, la compagnie va devoir vite trouver des solutions pour panser ses plaies et sortir de la crise.
Malgré l'appel lancé par l'intersyndicale en faveur d'un "engagement fort", le gouvernement n'a pas l'intention de jouer les médiateurs.
- A Air France de trouver la solution -
L'Etat, qui dispose de 17% du capital, "assume et assumera ses responsabilités. Mais la solution pour Air France vient d'abord de l'entreprise elle-même", a déclaré le Premier ministre, ajoutant que "l'avenir de la compagnie était en jeu".
Alexandre de Juniac a redit sa disponibilité. "L'essence de notre plan dit A était de rester dans les numéros un mondiaux, du fait de l'échec des négociations nous avons dû passer à un plan de restructuration. Si maintenant les organisations syndicales représentant les pilotes sont prêtes à de vraies négociations, notre porte est ouverte", a-t-il assuré.
Le plan alternatif de la direction, qui comporte une réduction de l'activité long-courrier, menacerait 2.900 postes principalement au sol entre 2015 et 2017.
Les conditions d'une reprise du dialogue semblent pourtant loin d'être réunies.
Montré du doigt par le gouvernement pour ne pas avoir signé d'accord, le syndicat majoritaire de pilotes SNPL a dénoncé une nouvelle fois mardi la "parodie de dialogue social" qui a conduit à l'échec des négociations sur de nouvelles mesures de productivité.
Air France "n'avait qu'un seul plan" dès le départ, "réduire la voilure de la compagnie", a réaffirmé Philippe Evain, président du SNPL Air France.
Pour une majorité de syndicats, une négociation inter-catégorielle peut permettre de sortir de l'impasse.
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