Le procureur Gérard Aldigé a requis mardi "la relaxe pure et simple" pour Alain Thurin, ex-infirmier de Liliane Bettencourt, et ses co-prévenus, Pascal Wilhelm et Patrice Bonduelle, anciens mandataire et notaire de la milliardaire, tous trois jugés à Bordeaux pour "abus de faiblesse" au détriment de l'héritière de L'Oréal.
"Au nom du ministère public, je suis là pour m'assurer que, pour ceux contre lesquels il y a insuffisance de preuves, la relaxe soit prononcée () car le doute doit profiter à l'accusé", a expliqué M. Aldigé dans son réquisitoire.
"Alain Thurin est-il coupable d'abus de faiblesse? Si vous répondez +non+, vous ne pouvez pas condamner les complices", a ajouté le procureur adjoint.
"Or aujourd'hui, nous n'avons pas suffisamment d'éléments de preuve" pour établir la culpabilité des trois prévenus, a-t-il conclu.
M. Thurin est notamment accusé d'avoir obtenu frauduleusement de la milliardaire, aujourd'hui âgée de 92 ans et sous tutelle, un legs de dix millions d'euros, sous forme de contrat d'assurance-vie. Il affirme ne pas avoir voulu de ce legs.
Me Wilhelm est quant à lui soupçonné d'avoir rédigé ce testament, enregistré par Me Bonduelle malgré les incertitudes qui existaient déjà à l'époque sur l'état mental de Mme Bettencourt, depuis diagnostiquée comme souffrant de la maladie d'Alzheimer.
Pour les parties civiles, Me Benoît Ducos-Ader, qui représente les intérêts de Liliane Bettencourt dans ce procès hors normes, s'en était remis à la décision du tribunal, se disant même prêt à "abandonner" les poursuites contre M. Thurin. "Il n'y effectivement pas d'éléments suffisants pour démontrer sa culpabilité", a-t-il expliqué à l'AFP en marge des débats.
La justice reproche aussi à l'ancien infirmier de la plus riche femme de France de s'être fait complice d'autres délits d'abus de faiblesse commis par Patrice Bonduelle, 53 ans, et l'avocat Pascal Wilhelm, 54 ans.
Lors d'un premier procès fleuve en janvier et février, aboutissement d'une procédure engagée par la fille de la milliardaire Françoise Bettencourt-Meyers, Pascal Wilhelm avait été reconnu coupable d'abus de faiblesse. Il avait écopé de 30 mois de prison dont un an avec sursis, et d'une amende de 250.000 euros. Il doit également verser à Liliane Bettencourt 2,9 millions d'euros.
Patrice Bonduelle, lui, avait été condamné pour "complicité d'abus de faiblesse" à six mois de prison avec sursis et 80.000 euros d'amende.
MM. Wilhelm et Bonduelle ont tous deux fait appel de leurs condamnations et seront rejugés du 10 au 27 mai 2016.
Alain Thurin, 65 ans, qui devait lui aussi être jugé en janvier, avait tenté de mettre fin à ses jours par pendaison la veille de l'ouverture du procès. Plongé dans un coma profond il n'avait pu comparaître devant les juges bordelais.
L'infirmier, retraité des hôpitaux de l'Assistance publique pour une modeste pension mensuelle de 1.600 euros, avait été recruté en octobre 2007 au chevet d'André Bettencourt, mari de Liliane, puis à partir de 2010 pour s'occuper à plein temps de sa veuve, moyennant un salaire mensuel net de 18.000 euros.
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