Air France et ses syndicats vont devoir trouver les moyens de renouer le dialogue pour discuter du plan de restructuration menaçant près de 3.000 postes, après les violences contre deux dirigeants, qui risquent de laisser des traces sur l'image de la compagnie et pourrait forcer l'Etat à s'impliquer.
François Hollande, qui n'avait pas encore réagi, a dénoncé mardi des violences "inacceptables" qui peuvent avoir des "conséquences sur l'image, sur l'attractivité" de la France.
Le chef de l'Etat a appelé "un dialogue responsable avec un patronat qui prend les décisions qui sont attendues et des responsables syndicaux qui jouent la carte, la seule possible, celle du compromis et de la négociation".
Plusieurs centaines de salariés ont fait irruption lundi en comité central d'entreprise (CCE), et deux dirigeants ont été physiquement molestés. L'image du DRH Xavier Broseta, escaladant torse nu une barrière pour échapper à ses poursuivants, a fait le tour du monde.
Le parquet de Bobigny a ouvert une enquête après une plainte déposée par la compagnie. Selon la direction, cinq cadres de l'entreprise, dont Xavier Broseta, ont aussi décidé de porter plainte.
Le Premier ministre Manuel Valls s'est rendu en fin de matinée au siège d'Air France, à Roissy, pour rencontrer la direction.
L'émotion à peine retombée, la compagnie va devoir vite trouver des solutions pour panser ses plaies et sortir de la crise.
Le PDG du groupe Air France-KLM, Alexandre de Juniac, se montrait dès lundi soir "disponible à tout moment pour reprendre les négociations" avec les syndicats, pour favoriser "la mise en ?uvre la plus efficace et constructive (du) redressement" de la compagnie tricolore.
- Médiation de l'État ? -
Les conditions d'une reprise du dialogue semblent pourtant loin d'être réunies.
Le syndicat majoritaire de pilotes SNPL, en conflit avec la direction d'Air France, a pointé une nouvelle fois mardi la "parodie de dialogue social" qui a conduit à l'échec des négociations sur de nouvelles mesures de productivité.
Faute d'accord, l'entreprise a opté pour un plan de restructuration alternatif au projet de développement initialement prévu. En réduisant sa flotte long-courrier, elle estime à 2.900 postes le sureffectif, principalement au sol.
Air France "n'avait qu'un seul plan" dès le départ, "réduire la voilure de la compagnie", a ré-attaqué Philippe Evain, président du SNPL Air France. Le syndicat reproche à l'État d'être resté "silencieux" ces derniers mois.
La majorité des syndicats ont demandé dès lundi soir au gouvernement de s'impliquer, l'invitant à un "engagement fort".
L'intersyndicale réclame du gouvernement "l'engagement d'aider l'entreprise, éventuellement d'investir ou d'établir des règles de concurrence plus loyales" entre les compagnies, développe auprès de l'AFP Christophe Malloggi, secrétaire général de FO.
Le secrétaire d'Etat aux Transports, Alain Vidalies, a exclu mardi que l'Etat joue un rôle plus important que celui que lui confèrent les 17% de capital qu'il détient, via l'Agence des participations de l'Etat.
"On n'est pas dans la situation aujourd'hui où la solution serait la nationalisation d'Air France", a-t-il indiqué. "Après les incidents d'hier (lundi), la meilleure des réponses c'est que les acteurs de l'entreprise reprennent le chemin du dialogue", a-t-il dit sur RTL.
Pour une majorité de syndicats, une négociation intercatégorielle peut permettre de sortir de l'impasse.
"Pour l'instant, c'est une proposition qui n'est pas très populaire chez les syndicats catégoriels et qui fait peur à Air France", regrette cependant Béatrice Lestic de la CFDT. "Il faut sortir des postures des deux côtés" pour éviter la pleine application du plan de restructuration.
Air France prévoit de sortir cinq avions de sa flotte long-courrier en 2016, puis neuf autres en 2017.
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