Et maintenant? Air France et ses syndicats vont devoir trouver les moyens de discuter du plan de restructuration menaçant près de 3.000 postes, dont la confirmation a déclenché lundi une poussée de violences contre la direction.
La situation a brutalement dégénéré à Air France lundi avec l'agression du DRH, qui a "manqué de se faire lyncher" après la confirmation de la possible suppression de 2.900 postes, poussant gouvernement, direction et syndicats à appeler au calme.
Les violences commises par des manifestants ayant envahi la réunion du comité central d'entreprise (CCE) ont fait au total 7 blessés dont un grave, un vigile désormais sorti du coma, selon un porte-parole de la compagnie aérienne.
Air France a annoncé son intention de porter plainte.
Sous des cris "à poil, à poil", "démission", le directeur des ressources humaines Xavier Broseta s'est retrouvé torse nu, chemise déchirée, avant de s'échapper en escaladant un grillage, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Le DRH a "manqué de se faire lyncher", a rapporté une source syndicale. "Choqué" et "déçu", M. Broseta a pourtant refusé que "l'opprobre soit jeté sur l'ensemble du personnel" .Pierre Plissonnier, responsable de l'activité long courrier à Air France, a été malmené de la même manière.
"Inacceptables", "scandaleux", "irresponsables": ces événements, qui ont mis fin brutalement au CCE, ont suscité de nombreuses condamnations politiques, patronales et syndicales.
Depuis le Japon, le Premier ministre Manuel Valls s'est dit "scandalisé par les violences inacceptables" et exprimé "tout son soutien" à la direction.
Plusieurs ministres lui ont emboîté le pas pour dénoncer ces débordements et appeler à "la reprise du dialogue dans des conditions normales".
Dans un communiqué, la majorité des syndicats ont estimé qu'un "engagement fort" du gouvernement était "crucial" pour régler le conflit.
La solution "sera issue d?une concertation" entre les organisations syndicales, la direction "et le gouvernement dont les arbitrages sont une des clefs principales pour garantir un avenir à la compagnie", juge l'intersyndicale. Elle se garde de toute allusion aux incidents de la matinée.
De son côté, le Medef a pointé du doigt "une minorité irresponsable", quand Jean-Claude Mailly, numéro un de FO, a estimé qu'on pouvait "se battre contre une direction sans être violent". Laurent Berger (CFDT) a appelé à privilégier "le dialogue pour dépasser les difficultés et combattre la violence".
En interne, les syndicats de la compagnie ont aussi "condamné" les violences. La CGT a assuré avoir "prévenu" la direction que la situation pouvait dégénérer. Le SNPL, majoritaire chez les pilotes, sous le feu des critiques de l'Etat actionnaire (17%), a "condamné ces débordements contre les dirigeants".
- 'Reprendre les négociations' -
Une manifestation de salariés à Roissy a rassemblé au plus fort 2.500 personnes. Trois syndicats avaient appelé à une grève au niveau national, mais le trafic n'a pas été perturbé.
Au CCE, la direction a confirmé la mise en ?uvre d'un plan "alternatif" au projet de développement "Perform 2020", décidé après l'échec de négociations avec les navigants sur de nouveaux efforts de productivité. En l'espèce, une réduction en deux phases de l'activité long-courrier, actuellement déficitaire pour moitié: cinq avions en moins en 2016, puis neuf autres en 2017 (sur 107 avions).
Ce "plan B" induirait un sureffectif de 300 pilotes, 900 PNC et 1.700 personnels au sol.
Il fait suite à déjà 5.500 suppressions de postes de 2012 à fin 2014 et des efforts pour le personnel restant.
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