Un policier "dans un état désespéré" lundi après un braquage, deux autres blessés dans un "guet-apens", un jeune mineur qui lance sa voiture contre un agent: trois affaires en 24 heures en France illustrent la violence des agressions envers la police, dénoncée par les syndicats.
Lundi un policier de la brigade anti-criminalité (BAC) de Seine-Saint-Denis était dans un "état désespéré" après avoir été blessé par balle lors d'une course-poursuite avec les braqueurs d'un entrepôt de bijoux à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis). Son pronostic vital est engagé. L'un des deux malfaiteurs interpellés, grièvement blessé, est décédé en début d'après-midi, selon une source policière.
Pour le syndicat de police Alliance (majoritaire), "cette affaire rappelle la dangerosité du métier de policier sur la voie publique". "On constate une nouvelle fois que des individus déterminés n'hésitent plus à ouvrir le feu sur des policiers avec la ferme intention de les tuer", a affirmé à l'AFP le secrétaire général du syndicat, Jean-Claude Delage.
"Alliance demande au ministre de l'Intérieur de revoir rapidement les conditions de la légitime défense car elles ne sont plus adaptées à la violence de la société, et de mettre en ?uvre un plan pluriannuel pour donner de nouveaux moyens aux forces de l'ordre", a-t-il ajouté.
"Une fois de plus, des policiers sont victimes dans leur chair et dans l'exercice de leur fonction", déplore le syndicat Unsa Police dans un communiqué. Il "exige que les peines les plus lourdes soient prises à l'encontre des individus commettant de tels actes".
- Violence 'exponentielle' -
Dimanche soir, c'est un mineur de 17 ans qui était interpellé pour avoir lancé une voiture volée qu'il conduisait contre un policier intervenu lors d'un cambriolage à Toulouse. Le policier a été transporté à l'hôpital est souffre de quelques contusions.
Cette affaire "indigne une nouvelle fois l'ensemble des policiers", souligne dans un communiqué le syndicat de police Unité. Il "demande la plus grande sévérité à l'encontre des auteurs" de cette tentative d'homicide.
Au même moment, deux policiers qui intervenaient dans une cité à Arles (Bouches-du-Rhône) ont été blessés dans un "guet-apens" monté par une cinquantaine de jeunes. Les deux policiers ont dû se battre à mains nues avant de pouvoir se dégager. Leur véhicule a ensuite été retrouvé incendié dans la cité.
"Il y a une violence contre les policiers exponentielle", a dénoncé auprès de l'AFP Patrice Ribeiro, secrétaire général du syndicat Synergie-officiers, "un sentiment d'impunité nourri par une absence de réponse pénale".
"Des gens se sentent en confiance et pensent que des territoires leur appartiennent. () Nous craignons un drame", a-t-il ajouté, soulignant qu'"à Arles, les policiers n'ont pas fait usage de leur arme alors qu'ils étaient en légitime défense".
"Depuis 2004, 37 policiers sont décédés en mission alors qu'ils mettaient directement leur vie en péril en leur qualité d'agent de la force publique", selon la Direction générale de la police nationale (DGPN).
En 2015, quatre policiers ont perdu la vie, dont trois policiers lors des attentats de janvier - Franck Brinsolaro, Ahmed Merabet et la policière municipale Clarissa Jean-Philippe. Le quatrième policier, Benoît Vautrin, avait été tué lors d'un contrôle de vitesse dans l'Aveyron en avril.
En 2014, 5.834 policiers ont été blessés en mission, selon la DGPN. Au cours du 1er semestre de 2015, la police nationale a constaté 2.874 blessures, un chiffre en augmentation de 5% par rapport à la même période l'année précédente, soit une moyenne de 479 blessures par mois. De plus, le nombre de blessés par arme (arme à feu, couteau?) a lui aussi connu une hausse de 10% entre 2014 et 2015.
Pour Nicolas Comte, secrétaire général du syndicat SGP-FO, "la lutte antiterroriste ne doit pas faire oublier les difficultés et la violence quotidienne à laquelle sont confrontés nos collègues au quotidien".Enquête
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