Les relations se sont tendues entre Ankara et Moscou après deux incidents aériens à la frontière syro-turque au moment où la Russie frappait de nouvelles positions du groupe Etat islamique (EI) et des rebelles en Syrie.
Dans ce climat de tension croissante, les jihadistes de l'EI ont poursuivi leur campagne de destruction du site antique de Palmyre en réduisant en poussière son célèbre Arc de triomphe.
Au sixième jour de la campagne russe en Syrie, la Turquie a annoncé que des F-16 turcs avaient intercepté samedi un chasseur de l'armée de l'air russe et l'avaient forcé à faire demi-tour. Les autorités turques ont émis "une vive protestation" auprès de l'ambassadeur russe à Ankara.
L'armée turque a par ailleurs indiqué que deux chasseurs turcs avaient été "harcelés" dimanche lors d'une mission de patrouille par un MIG-29 non identifié à la hauteur de la frontière syrienne.
L'Otan, à laquelle appartient la Turquie, a qualifié d'"inacceptables" les "violations" de "l'espace aérien turc par des avions de combat russes". "Les actions de la Russie" en Syrie "ne contribuent pas à la sécurité et à la stabilité de la région", a déclaré son secrétaire général, Jens Stoltenberg, qui a reçu le chef de la diplomatie turque Feridun Sinirlioglu à Bruxelles.
Le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu a prévenu que son pays activerait ses règles d'engagement si son espace aérien était violé.
Il a cependant précisé que "le dossier syrien ne constitue pas une crise entre la Turquie et la Russie" qui ont d'importants intérêts commerciaux. "Nos canaux du dialogue restent ouverts", a-t-il souligné, en déclarant espérer que Moscou abandonnerait ses "positions erronées" sur la crise syrienne en général.
Les deux pays ont des points de vue diamétralement opposés sur la crise syrienne. Ankara veut le départ du président Bachar al-Assad et soutient les rebelles, tandis que Moscou appuie le régime et exècre les rebelles et surtout les jihadistes du Front Al-Nosra, la branche syrienne d'Al-Qaïda, et du groupe Etat islamique (EI).
Pour sa part, un haut responsable de défense américain, a jugé lundi que cette violation de l'espace aérien de la Turquie n'était pas accidentelle.
- 'Sauver Palmyre' -
Visé par certains bombardements russes, l'EI a riposté en démolissant à l'explosif dimanche à Palmyre l'arc de Triomphe qui date de l'empereur Septime Sevère (193 à 211), et est situé à l'entrée de la célèbre rue à colonnades du site historique.
"C'était une icône de Palmyre", a déploré le directeur général des Antiquités et des Musées de Syrie, Maamoun Abdelkarim. "Chaque fois que l'EI est attaqué ou perd du terrain il agit ainsi. Il ne s'agit pas d'un acte idéologique mais d'un acte de vengeance contre la communauté internationale qui doit réagir", a-t-il dit à l'AFP.
Les jihadistes ont déjà détruit deux temples, dont celui de Bêl, et les trois plus belles tours funéraires de la ville antique.
"Le choix est simple: soit Palmyre disparaît définitivement, soit l'armée syrienne avance très vite avec le soutien de la communauté internationale et de l'armée russe pour libérer la ville. L'essentiel c'est de la sauver, ensuite on pourra discuter des problèmes politiques", a ajouté M. Abdelkarim.
Lancée mercredi, l'intervention russe se poursuit sans relâche. Moscou a annoncé lundi avoir mené ces dernières 24 heures des frappes aériennes sur neuf cibles, dont le détail semble indiquer qu'elles ont visé en majorité des positions appartenant à d'autres groupes que l'EI, notamment le Front Al-Nosra.
Selon le ministère russe de la Défense, les frappes visent à "désorganiser la chaîne de commandement et à endommager la logistique des terroristes". L'aviation russe a frappé à Rastane et Talbissé dans la province de Homs (centre), à Beit Mneineh et Jabal al-Qobbé dans la province de Lattaquié (ouest), et à Jisr al-Choughour dans celle d'Idleb (nord-ouest).
Jisr al-Choughour, sous le contrôle de "l'Armée de la Conquête", qui regroupe le Front Al-Nosra et des groupes islamistes qui combattent le régime et l'EI, est une localité clé sur la route menant à la province de Lattaquié, fief d'Assad.
Le secrétaire à la Défense américain Ashton Carter a estimé lundi à Madrid que les frappes russes en Syrie relevaient d'une "stratégie perdante". Il a appelé Moscou à "affronter la menace posée par l'EI plutôt de que continuer ses frappes aériennes unilatérales contre l'opposition à Assad".
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