Le groupe extrémiste État islamique (EI), visé par des frappes russes, a réduit en poussière le célèbre Arc de triomphe de Palmyre en Syrie, dernier monument en date à être détruit par les jihadistes dans cette cité classée au patrimoine mondial.
Commencées mercredi, les frappes russes en Syrie ont connu samedi leur premier incident sérieux avec l'interception par les chasseurs turcs d'un avion de combat russe qui avait violé l'espace aérien de la Turquie. Ce pays est vivement hostile à l'intervention russe et au régime de Bachar al-Assad.
"Chaque fois que l'EI est attaqué ou perd du terrain il agit ainsi. Il ne s'agit pas d'un acte idéologique mais d'un acte vengeance contre la communauté internationale qui doit réagir", a affirmé à l'AFP le directeur général des Antiquités et des Musées de Syrie, Maamoun Abdelkarim.
Après la destruction des deux temples, dont celui de Bêl, des trois plus belles tours funéraires, les jihadistes ont démoli dimanche à l'explosif l'arc de Triomphe, qui date de l'empereur Septime Sevère (193 à 211).
Situé à l'entrée de la célèbre rue à colonnades du site historique, il "était une icône de Palmyre", selon M. Abdelkarim.
"Le choix est simple: soit Palmyre disparaît définitivement, soit l'armée syrienne avance très vite avec le soutien de la communauté internationale et de l'armée russe pour libérer la ville. L'essentiel c'est de la sauver, ensuite on pourra discuter des problèmes politiques", a-t-il ajouté.
Ce nouveau drame fait craindre la destruction totale de la cité historique aux mains de l'organisation ultra-radicale qui s'en est emparée le 21 mai.
Cette dévastation intervient au moment où le conflit en Syrie devient de plus en plus complexe avec une intervention militaire de la Russie qui dit frapper l'EI, mais qui est soupçonnée par les Occidentaux d'apporter surtout son soutien aux troupes du régime de Bachar al-Assad, en difficulté face aux rebelles depuis plusieurs mois.
"Nous savons que l'EI a piégé d'autres monuments. Ils veulent détruire l'amphithéâtre, la colonnade. Nous avons désormais peur pour toute la cité antique", a précisé le chef des Antiquités.
Selon un politicien syrien proche du régime, "les Russes veulent aider l'armée syrienne à reprendre Palmyre pour démontrer qu'ils protègent le patrimoine de l'humanité, et démontrer ainsi l'inefficacité de la coalition internationale conduite par les États-Unis".
- Mise en garde turque à Moscou -
Dans ce contexte, des chasseurs F-16 turcs ont intercepté samedi un avion de combat russe violant l'espace aérien turc à la frontière syrienne (sud-est), le contraignant à rebrousser chemin, a annoncé lundi le ministère turc des Affaires étrangères.
L'ambassadeur de Russie à Ankara a été convoqué et les autorités turques lui ont fait part de leur "vive protestation", selon un communiqué.
Ankara a aussi demandé à la Russie d'"éviter une répétition de cet incident" et fait savoir que le cas échéant, "la Fédération de Russie serait considérée responsable de tout événement non voulu" qui pourrait avoir lieu.
Poursuivant son intervention militaire en Syrie, Moscou a annoncé lundi avoir mené ces dernières 24 heures des frappes aériennes sur neuf cibles de l'EI.
Selon le ministère russe de la Défense, des avions SU-34, SU-24M et SU-25 ont effectué 25 sorties et détruit notamment un poste de commandement dans la province de Hama, des dépôts de munitions et un noeud de communication dans celle de Homs, des véhicules blindés dans la province de Idleb et un "poste de commandement de l'EI" dans la province de Lattaquié.
D'après le directeur de L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane, l'aviation russe concentre les frappes sur les provinces de Hama et de Homs, Idleb (nord-ouest), Lattaquié (ouest), Raqa (nord) et les régions sous contrôle de l'EI dans la province d'Alep (nord).
En revanche, le régime opère à Deir Ezzor (nord-est), la ville d'Alep, la province de Damas et Deraa (sud).
Outre son lourd bilan humain avec plus de 240.000 morts et des millions de personnes contraintes à l'exil, la guerre qui ravage la Syrie depuis quatre ans et demi a des conséquences dévastatrices sur un patrimoine d'une valeur inestimable.
Pour sa part, la France, qui dans un premier temps avait reproché à la Russie de ne pas concentrer ses attaques uniquement sur l'EI, a estimé lundi par la voix du ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, que les frappes devaient viser aussi "les groupes considérés comme terroristes", dont le Front al-Nosra, branche syrienne d'Al-Qaïda.
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