Perquisitions, procès, interdictions le géant des véhicules de transport avec chauffeurs, Uber, est plus que jamais dans le collimateur des autorités dans de nombreux pays d'Europe. Malgré ces obstacles, le groupe américain reste stoïque et n'entend pas s'arrêter là.
Fondé en 2009, Uber a révolutionné le transport de personnes avec son application pour smartphone, et son service UberPop où des particuliers proposent des courses, à la manière d'un taxi, dans leur propre véhicule. Le groupe est aujourd'hui valorisé à 50 milliards de dollars.
Mais il s'est en même temps attiré les foudres des sociétés de taxis traditionnels, qui crient à la concurrence déloyale, et de plus en plus de pays veulent donner un coup d'arrêt à ses activités.
Le Premier ministre Manuel Valls a ainsi accusé cet été le groupe californien de pratiquer "la loi de la jungle () avec un esclavagisme qui serait celui des temps modernes" car Uber ne salarie pas ses conducteurs.
De l'autre côté de l'Atlantique, c'est l'argument de l'emploi qu'a mis en avant la présidente brésilienne Dilma Rousseff. "Uber fait perdre des emplois à de nombreuses personnes", a-t-elle jugé, tout en reconnaissant la dimension "technologique" des services proposés.
Depuis septembre, les revers s'accumulent sur le Vieux continent.
La France vient de confirmer l'interdiction d'UberPop. Un mouvement de taxis européens anti-Uber a récemment organisé une manifestation à Bruxelles, paralysant la capitale européenne. A Amsterdam, les bureaux du géant américain ont été perquisitionnés et à Londres, un projet de réglementation risque d'entraver son activité.
Face aux critiques, Mark MacGann, le responsable d'Uber pour l'Europe, est droit dans ses bottes. "Il n'y a pas de limites, répond-il. Nous sommes présents dans 60 pays, nous avons déjà vu cela des milliers de fois. Nous étions tout aussi controversés, il y a un an et demi voire deux ans aux Etats-Unis que nous le sommes aujourd'hui à Bruxelles, Barcelone ou Berlin."
- L'Europe, plus grand défi d'Uber -
La résistance des autorités en Europe reste toutefois le plus grand défi du groupe. "D'un point de vue réglementaire et politique, l'Europe est certainement plus difficile que les Etats-Unis", confirme à l'AFP Mark MacGann, qui a été pendant 20 ans lobbyiste.
Pour faire face, Uber a lancé une vaste campagne de soutien via des pétitions, comme il l'a fait fin septembre à Bruxelles où la justice lui a donné 21 jours pour faire cesser son service UberPop.
Il a également déposé des plaintes auprès de la Commission européenne contre la France, l'Allemagne et l'Espagne, faisant valoir que les efforts déployés par les gouvernements de ces pays pour l'interdire enfreignent la concurrence et le marché unique.
Les lois dans la plupart des pays d'Europe sont "obsolètes" face au modèle Uber, argue le responsable du groupe interrogé par l'AFP. Sur ce point, l'Allemagne, l'Espagne et l'Italie pourraient être, à ses yeux, les plus difficiles à conquérir.
Partagée entre l'intérêt technologique et le flou réglementaire, la Commission européenne espère de son côté mettre au point un projet de régulation dès cette année.
"Certains Etats européens sont ouverts, d'autres se comportent de manière restrictive. Cela ne correspond pas au marché commun. Nous avons besoin de règles homogènes", a estimé récemment la commissaire responsable du dossier, la Polonaise Elzbieta Bienkowska.
Pour l'Asie, Uber reste très "optimiste" avec un développement rapide.
En Inde, le groupe opère dans plus d'une quinzaine de villes, après des débuts laborieux à la suite du viol présumé d'une jeune cliente par un de ses chauffeurs. Signe que cette page est tournée, le conglomérat Tata a annoncé en août un investissement important dans Uber, sans en dévoiler le montant.
En Chine, Uber fait face à la concurrence du chinois Didi Kuaidi et est le numéro deux du secteur, avec 40% de parts de marché.
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