Le coming out samedi d'un prêtre polonais, théologien de surcroît, à la veille d'un synode sur la famille, a aussitôt provoqué les foudres du Vatican, qui l'a immédiatement démis de ses fonctions auprès du Saint Siège.
L'attitude de ce prêtre, qui a révélé dans deux journaux samedi son homosexualité, est "très grave et irresponsable", a affirmé le porte-parole du Vatican, le père Federico Lombardi.
"Évidemment, Mgr (Krysztof Olaf) Charamsa ne pourra plus continuer à assurer ses fonctions précédentes auprès de la Congrégation pour la doctrine de la foi", qu'il exerce depuis douze ans, a-t-il ajouté dans un communiqué.
Ce prêtre polonais, âgé de 43 ans, était jusqu'à présent secrétaire adjoint d'une Commission théologique internationale auprès de cette congrégation, précisément chargé de veiller au bon respect du dogme catholique.
Le scandale pour le Vatican est d'autant plus grand qu'il intervient à la veille de l'ouverture d'un important synode sur la famille, où l'homosexualité sera l'un des enjeux.
"Le choix de faire une déclaration aussi fracassante à la veille de l'ouverture du synode apparaît très grave et irresponsable parce qu'il cherche à soumettre l'assemblée synodale (des évêques) à une pression médiatique injustifiée", a souligné le père Lombardi.
Le Vatican a précisé que son statut de prêtre serait décidé par les supérieurs hiérarchiques de son diocèse.
Dans l'immédiat, il s'est vu adresser "un avertissement" par son supérieur hiérarchique, Mgr Ryszard Kasyna, l'évêque du diocèse polonais de Pelplin (nord), lui demandant de "revenir dans le chemin du ministère du Christ", selon un communiqué publié samedi sur le site du diocèse.
- l'"homophobie" de l'Eglise-
Dans un restaurant de Rome, l'homme par qui le scandale est arrivé s'est dit néanmoins soulagé devant la presse. "Je sors du placard et j'en suis heureux", a affirmé samedi Mgr Charamsa, tout sourire, debout aux côtés de son compagnon.
"À mon Église, je veux dire que je refuse et que je dénonce l'exaspérante homophobie ambiante. Ouvre les yeux à la souffrance des personnes homosexuelles, à leur désir d'amour", a-t-il déclaré, revêtu de sa tenue de prêtre.
Son compagnon, un Catalan prénommé Eduardo, l'a alors enlacé en se disant "fier de lui".
Profondément ému, il a ensuite lu un "manifeste de libération" en dix points contre "l'homophobie institutionnalisée de l'Eglise", avant d'annoncer qu'un livre était en préparation.
"Je demande pardon pour toutes ces années où j'ai souffert en silence devant la paranoïa, l'homophobie, la haine et le refus des homosexuels que j'ai vécus au sein de la Congrégation pour la doctrine de la foi, qui est le c?ur de l'homophobie dans l'Eglise", a-t-il encore affirmé avec force.
Résigné, il s'en est remis "à la volonté de Dieu" concernant son avenir en tant que prêtre, très certainement condamné.
- "notre pape fantastique" -
Mgr Charamsa sait qu'il devra renoncer à son ministère, à l'Eglise pour "laquelle il a donné sa vie", avant d'ajouter: "je voudrais remercier notre pape fantastique qui nous a permis de croire à nouveau au dialogue".
François doit ouvrir dimanche un second synode sur la famille, où la question de l'homosexualité doit être débattue. Elle divise profondément l'Eglise catholique, certains y voyant un "désordre" à combattre, et d'autres une réalité à prendre en compte.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousA lire aussi
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.