L'armée ukrainienne et les séparatistes prorusses ont annoncé samedi le début du retrait des chars dans l'Est rebelle pour consolider la trêve, mais le règlement de la situation dans cette région de l'Ukraine négocié avec la médiation franco-allemande est encore bien loin.
L'annonce est intervenue au lendemain d'un sommet à Paris entre les dirigeants ukrainien, russe, français et allemand qui ont reconnu que les accords de paix pour l'Ukraine signés en février avec leur participation ne seraient pas mis en oeuvre comme initialement prévu d'ici à la fin de l'année.
Ce constat rendu public par le président français François Hollande est interprété par plusieurs analystes comme une victoire de la Russie.
Celle-ci est en effet soucieuse de déstabiliser l'Ukraine en y réintégrant les républiques rebelles contrôlées par Moscou sans être contrainte à remplir ses engagements dans le cadre des accords de paix dits de Minsk 2.
Sur fond de calme "exemplaire" régnant dans l'Est depuis plus de deux jours, les rebelles de la république autoproclamée de Lougansk ont annoncé dans la matinée avoir entamé le retrait des chars, qui doit être suivi de celui des pièces d'artillerie d'un calibre inférieur à 100 mm.
"Un convoi de chars vient de prendre la direction d'un nouveau lieu de déploiement à 15 km de la ligne du front", a annoncé l'agence officielle de presse des séparatistes de Lougansk.
Il était impossible dans l'immédiat de confirmer cette information de source indépendante.
Les Ukrainiens vont commencer à retirer leurs armes samedi après-midi, a souligné le porte-parole militaire ukrainien Andriï Lyssenko.
Le retrait des chars et des armes de calibre inférieur à 100 mm dans une zone de 15 km de part et d'autre de la ligne de front qui va prendre une quarantaine de jours a été convenu cette semaine entre les belligérants en tant que geste de bonne volonté afin de préserver les vies après que le conflit a fait plus de 8.000 morts, principalement des civils, depuis avril 2014.
Les rebelles de la république séparatiste voisine de Donetsk ont indiqué qu'ils commenceraient le retrait de leurs armes le 18 octobre, une fois l'opération similaire en cours à Lougansk achevée et si la trêve mise en oeuvre il y a peu "est respectée".
- 'Scénario du Kremlin' -
Les accords de Minsk 2 ne prévoyaient que le retrait des armes de plus de 100 mm, une clause qui avait été régulièrement violée, provoquant la mort de plus de mille personnes, selon les observateurs internationaux.
A l'issue de négociations vendredi à Paris entre Petro Porochenko, Vladimir Poutine, François Hollande et Angela Merkel, le président français a annoncé le report "au-delà du calendrier de 2015" des élections locales prévues dans l'Est séparatiste par les accords de paix de Minsk 2.
Il a évoqué l'adoption par Kiev d'une nouvelle loi électorale pour rendre ce scrutin "incontestable", sous observation de l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe).
Les rebelles qui, faisant fi de la loi ukrainienne, ont fixé leurs scrutins au 18 octobre à Donetsk et au 1er novembre à Lougansk n'ont pas réagi après cette déclaration.
Un autre point clé des accords de Minsk, la reprise du contrôle par Kiev de 400 km de frontières avec la Russie, par où transitent selon le gouvernement ukrainien et les Occidentaux armes et troupes destinées à l'Est rebelle de l'Ukraine, va aussi prendre du retard.
"Il faudra encore du temps pour aboutir à la dernière étape () l'étape essentielle du point de vue du retour de l'intégrité de l'Ukraine, c'est-à-dire le contrôle total des frontières et le retrait des unités étrangères () ça prendra plus de temps qu'il n'était prévu", a souligné le chef de l'Etat français.
"Vu le changement de l'attitude des gens comme Hollande (.) les accords de Minsk peuvent être manipulés au point" de rendre possible la mise en oeuvre d'un des scénarios du du Kremlin : "séparer le Donbass de l'Ukraine ou, encore mieux, le réintégrer à l'Ukraine avec ses dirigeants actuels contrôlés par Moscou", écrit le politologue allemand Andreas Umland, spécialiste de l'histoire russe et ukrainienne sur sa page Facebook.
"Cela signifierait que l'Ukraine resterait fondamentalement instable", poursuit-il.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.