C'est l'heure du dîner chez les Magnen. Sur la nappe, à côté du plat de lasagnes, des cristaux de sucre jaunes, venus d'Iran. Tout comme un nouveau convive, Reza, rencontré via une association qui, face à l'afflux de migrants, met en relation réfugiés et familles d'accueil.
Depuis une semaine, cet homme d'une quarantaine d'années fraîchement arrivé dans la capitale loge avec eux, dans un bel appartement parisien. A côté de son mètre quatre-vingt-dix, sa chambre paraît petite, mais bien fournie. Un lit deux places, une télévision, un ordinateur sur un bureau installé pour lui, et en prime, une vue imprenable sur la tour Eiffel.
"C'est comme accueillir un ami", raconte Jean-Baptiste Magnen. "Il a les clés. Chacun fait sa vie, et si on est tous là le soir, on dîne ensemble", poursuit ce banquier d'affaires de 51 ans. Il l'assure, sa famille n'a pas changé ses habitudes. "On mange juste plus de sucreries, parce que Reza en apporte tout le temps", s'amuse-t-il.
"Ce matin il prenait de la ratatouille avec du riz", enchaîne Louise Magnen, la fille cadette de 17 ans, provoquant les rires de la tablée. Ses parents, dit-elle, ont tout de même pris soin de prévenir Reza: "si Louise a cours à 08H00, à 07H45 elle est dans la salle de bain, personne ne doit y être".
Reza, qui avait notamment enchaîné jusque-là en France des colocations peu durables, admet avoir été surpris par l'ambiance. "Il y a une telle chaleur", "je croyais que cela n'existait qu'en Orient".
- 45 réfugiés déjà hébergés -
La rencontre s'est faite par l'intermédiaire de l'association Singa, qui développe la communication entre réfugiés et particuliers. Son nouvel outil? La plateforme en ligne "Comme à la maison", lancée à la rentrée pour faire face à l'afflux grandissant de migrants et au manque criant de places d'hébergement en France. Les étrangers, à condition d'avoir déjà obtenu le statut de réfugié, et les candidats à l'accueil s'inscrivent en ligne, et Singa noue ensuite un premier contact.
L'initiative est tombée à point nommé, au moment où les pouvoirs publics tentent d'augmenter les capacités d'accueil et où les appels à la solidarité envers les migrants, comme celui du pape François, se sont multipliés.
A travers la plateforme en ligne, environ 45 personnes ont déjà été hébergées chez des Franciliens, et 300 demandes sont en attente.
"Depuis des mois on se demandait ce qu'on pouvait faire pour aider, et puis on est tombé sur l'association dans un article", raconte Jean-Baptiste Magnen.
Lui et sa famille n'ont pas hésité longtemps avant d'accueillir Reza. Une fois la décision prise, ils ont assisté, fin septembre, à l'une des rencontres d'information et de formation organisées par Singa.
Ce jour-là, 200 personnes sont ainsi réunies à la mairie du 18e arrondissement de Paris.
Au programme: des conseils pour le quotidien et la gestion des différences culturelles. "L'une des questions qu'on nous pose c'est +est-ce que c'est légal d'accueillir un réfugié?+", explique Alice Barbe, codirectrice de Singa. "Et bien sûr la réponse est oui, puisque tout réfugié dispose d'un titre de séjour." L'autre question qui revient porte sur la durée de l'accueil. Là encore, Alice Barbe rassure: "les deux parties peuvent mettre fin à la cohabitation quand elles le souhaitent".
Reza, lui, dînera avec les Magnen pendant trois mois. Une "sécurité", le temps de trouver un appartement et s'installer définitivement à Paris, où il compte développer la société qu'il a créée. De son nouveau foyer il ne craint finalement qu'une chose: "cette famille est tellement chaleureuse que j'ai peur de trop m'attacher".
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