L'armée et la police afghanes "ratissaient" Kunduz vendredi pour tenter de mettre la main sur les talibans qui s'y cacheraient, après avoir repris aux insurgés le contrôle de cette ville stratégique du nord du pays.
Les habitants de cette métropole de 300.000 âmes située sur la route du Tadjikistan disaient "ne plus entendre de coups de feu" vendredi, au lendemain de la reprise de la ville par l'armée, rendue possible par l'aide cruciale de bombardements américains et des soldats de l'Otan.
Ces derniers, dont 13.000 sont déployés en Afghanistan, ont encaissé la perte dans la nuit de six soldats américains et de cinq employés de firmes sous-traitantes de l'Alliance, tués dans le crash de leur avion, un C-130, sur l'aéroport de Jalalabad, dans l'est de l'Afghanistan. "L'équipage et les passagers sont morts", a précisé le colonel de l'armée de Terre américaine Brian Tribus.
Les talibans, qui sont présents dans la région mais s'attribuent régulièrement sans preuve la paternité de crashs aériens et ont tendance à exagérer leurs bilans, ont affirmé avoir abattu l'appareil. "Nos moudjahidines ont abattu un quadrimoteur américain à Jalalabad", a déclaré sur Twitter le porte-parole des talibans, Zabihullah Mujahid, avançant pour sa part un bilan d'au moins 15 morts.
Une revendication contredite par le commandant Tony Wickman de la mission de l'Otan qui a fait part à l'AFP de son "très haut degré de certitude qu'une attaque de l'ennemi n'a pas contribué au crash".
Le C-130 est un quadrimoteur doté de multiples versions, capable de décoller et d'atterrir sur des pistes courtes ou sommairement aménagées.
- 'Soutien résolu' -
Les sous-traitants travaillaient pour la nouvelle mission de l'Otan "Soutien résolu" destinée à conseiller et former les forces afghanes seules en première ligne face à l'insurrection talibane depuis la fin de la mission de combat des forces de la coalition en décembre dernier.
Jalalabad se trouve sur une route importante reliant Kaboul au Pakistan, base arrière de nombreux jihadistes. L'aéroport local, qui héberge une importante base militaire, a été la cible de nombreuses attaques au cours des dernières années.
En décembre 2012, les talibans avaient lancé plusieurs kamikazes à l'assaut de cet aéroport. Cinq Afghans -- trois gardes et deux civils -- avaient péri, les assaillants n'ayant pu pénétrer au-delà du premier rideau défensif de ce camp ultra-fortifié.
- 'Nous les tuerons' -
Le crash est survenu alors que les forces afghanes ont repris jeudi le contrôle du centre-ville de Kunduz des mains des talibans.
Depuis qu'ils ont été chassés du pouvoir en 2001 par une coalition emmenée par les Etats-Unis, les talibans concentrent leurs attaques dans leurs fiefs du Sud. Mais au cours des derniers mois, les insurgés ont renforcé leurs positions dans ce secteur de Kunduz, plus au nord.
De nombreux habitants avaient indiqué à l'AFP jeudi que l'armée avait repris plusieurs quartiers du centre, mais que les combats se poursuivaient. Et les talibans, qui ont démenti tout recul, bataillaient âprement pour conserver leur ascendant dans certains quartiers.
Mais vendredi le calme semblait revenu. "Il n'y a personne dans les rues, les magasins sont fermés, il n'y a pas de combat entre les talibans et les troupes afghanes", a raconté Zabihullah, un habitant. "On n'entend plus d'explosions, ni d'échanges de coups de feu", a renchéri Shahir, un autre témoin.
Profitant de cette accalmie, "les forces de sécurité se sont déployées dans tout Kunduz", a expliqué Sayed Sarwar Hussaini, le porte-parole de la police provinciale. "Nous ratissons les ruelles et les maisons pour trouver des talibans. Nous les retrouverons et nous les tuerons".
Malgré ce calme précaire, la situation humanitaire restait critique. Le comité international de la Croix-Rouge (CICR) s'est dit "de plus en plus inquiet pour le bien-être des civils et par le manque de matériel médical et de personnel". Depuis lundi, le ministère de la Santé a recensé 60 morts et 400 blessés et le centre de soins de Médecins sans Frontières (MSF) a traité 345 blessés, dont 59 enfants.
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