Matignon réunit vendredi un comité interministériel de sécurité routière (CISR), le premier depuis quatre ans, pour arrêter un nouveau plan d'actions visant à enrayer la hausse de la mortalité sur les routes françaises.
"Ce CISR a été décidé parce que les chiffres du mois de juillet étaient préoccupants (19,2% de morts en plus par rapport à juillet 2014, ndlr). Il y a besoin d'une réponse pour faire respecter les règles alors qu'on constate un sentiment d'impunité sur les routes", a expliqué à l'AFP Emmanuel Barbe, délégué interministériel à la sécurité routière.
Le gouvernement évoque de son coté un "relâchement du comportement de certains conducteurs".
L'objectif de ce CISR est de décider de mesures qui permettent d'inverser la courbe du nombre de morts sur les routes, qui a augmenté en 2014 pour la première fois en douze ans (3.384, +3,5%). D'autant que "cette tendance se confirme pour les huit premiers mois de 2015, avec une hausse de 4,6% du nombre de tués sur les routes par rapport à la même période de 2014", relève le gouvernement.
Ces mesures seront annoncées par Manuel Valls vendredi matin. Le détail n'est pas encore connu mais, selon des sources proches du dossier interrogées par l'AFP, le gouvernement n'a pas opté pour le big-bang que représenterait l'abaissement de la limitation de vitesse de 90 à 80 km/h sur l'ensemble du réseau secondaire.
"Il y aura des demi-mesures mais pas le passage à 80 km/h" sur les routes nationales à double sens sans séparateur de voies, anticipe et regrette la présidente de la Ligue contre la violence routière, Chantal Perrichon, fervente partisane de cette mesure testée actuellement sur quelques routes en France.
La militante n'attend en réalité "pas grand-chose d'un CISR préparé dans l'urgence".
- Contrôle technique pour les motos ? -
Cet été, le Premier ministre avait assuré que "le volet répressif" serait "renforcé" à l'occasion de ce CISR, en ajoutant souhaiter aussi une "nouvelle stratégie des radars automatisés", "cibler la lutte contre les pratiques addictives", "la protection des usagers vulnérables" (deux roues et piétons) et faire de la prévention "un axe majeur".
Jean-Yves Salaün, délégué général de l'association Prévention routière, espère l'annonce de "l'installation d'éthylotests de démarrage" dans les voitures dont les conducteurs ont été condamnés à plusieurs reprises pour avoir conduit sous l'emprise de l'alcool. Les motards, eux, craignent l'instauration d'un contrôle technique et s'attendent à l'obligation de porter des gants de protection.
De son côté, anticipant de nouvelles mesures "répressives", l'association 40 millions d'automobilistes a lancé vendredi le site legrandraslebol.com dénonçant une France "devenue le catalogue mondial des mesures de répression".
Le plan de vendredi s'ajoute aux 26 mesures annoncées en janvier par le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, dont un "bilan d'étape" sera dressé, et qui visent selon le gouvernement à "atteindre l'objectif de moins de 2.000 morts sur les routes de France en 2020".
Elles interviennent après une série de petits couacs gouvernementaux en matière de sécurité routière.
La garde des Sceaux Christiane Taubira vient d'annoncer le retrait des dispositions qui prévoyaient un allègement des sanctions pour défaut de permis de conduire, après le tollé suscité en juillet. Et cet été, le Journal du Dimanche avait dévoilé un rapport de l'Inspection générale de l'administration de juillet 2014, pointant notamment un manque de collaboration interministérielle en matière de sécurité routière.
"En matière de sécurité routière, les grandes mesures très efficaces comme la ceinture, l'ABS, les radars ont déjà été prises. Maintenant c'est plus compliqué, il faut aller chercher les poches de vies", résume Emmanuel Barbe.
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