La planète s'achemine vers un réchauffement de 2,7°C d'ici la fin du siècle, au vu des promesses de réduction des gaz à effet de serre faites par les Etats pour la conférence de Paris, un progrès notable mais insuffisant pour éviter des conséquences dévastatrices.
L'objectif de + 2° que s'est fixé la communauté internationale n'est donc toujours pas atteint, soulignent des experts du Climate Action Tracker (CAT) qui ont compilé les engagements pris jusqu'à présent par les Etats pour la COP21, censée produire début décembre le premier accord universel contre le réchauffement.
Cela "reflète l'insuffisance des objectifs climatiques présentés par de nombreux pays", pointe le CAT dans cette analyse publiée jeudi, date à laquelle les 195 Etats participant à la COP étaient censés avoir remis à l'ONU leurs engagements.
Point positif cependant, "c'est la première fois depuis 2009, date à laquelle le CAT a commencé ses évaluations, que le réchauffement attendu passe sous 3°C", note-t-il.
A ce jour, environ 140 pays, représentant quelque 80% des émissions actuelles de gaz à effet de serre (GES), source du réchauffement, ont soumis leurs projections d'émissions pour 2025-2030. Parmi eux, la Chine, les Etats-Unis, l'Union européenne, le top 3 mondial avec la moitié des émissions, dont la qualité des contributions est qualifiée de "moyenne" par le CAT.
Mais pour la négociatrice française Laurence Tubiana, "141 pays, c'est un formidable signe d'adhésion à l'accord de Paris". "La vague est lancée. Et on n'est plus dans des actions ponctuelles, les pays proposent de grandes transformations", assure-t-elle à l'AFP, évoquant de "très bonnes surprises" comme le Brésil.
Dernière grosse contribution attendue, celle de l'Inde, 4e émetteur mondial, espérée d'ici la fin de semaine.
Mais pour rester sous la barre du +2°C par rapport à l'ère pré-industrielle, le monde devra faire bien plus pour limiter ses émissions. Et il est "assez peu probable" que les apports de pays retardataires nous ramènent vers 2°C, souligne Bill Hare, de l'institut de recherche Climate Analytics, membre du CAT.
- Saut dans l'inconnu -
Selon les projections du CAT, qui prend en compte l'Inde en se fondant sur ses déclarations d'intention, les émissions de GES, actuellement d'environ 48 milliards de tonnes annuelles, devraient continuer à croître. Pour atteindre 52 à 54 milliards de tonnes en 2025 et 53-55 milliards en 2030, selon les promesses faites à ce jour.
Pour tenir l'objectif de 2°C, il faudrait qu'elles soient réduites de 11-13 milliards de tonnes par an en 2025, et de 15-17 mds en 2030.
"L'objectif de 2° risque de se trouver fondamentalement menacé", si les projections pour 2030 ne sont pas revissées très tôt, dès 2020, préviennent les chercheurs.
Lors de la conférence de Paris, les Etats doivent tenter de s'accorder sur des mécanismes pour juguler ces GES, pour l'essentiel issus de la combustion des énergies fossiles. D'ores et déjà, les discussions portent sur des clauses prévoyant des rendez-vous réguliers (tous les 5 ans par exemple) afin de revoir à la hausse leurs ambitions.
Car "plus on s'éloigne des 2°C, plus l'adaptation (aux conséquences du changement climatique) sera difficile, surtout dans les pays en développement", rappelle à l'AFP le climatologue Jean Jouzel.
Si l'on atteint 2,7°, il faut s'attendre à des sécheresses à répétition, une productivité agricole ralentie voire de potentiels effets dévastateurs à long terme, par exemple sur la fonte de la calotte glaciaire du Groenland.
"La meilleure façon d'éviter des risques aussi considérables est de rester au plus près de notre climat actuel", résume-t-il. Il faut "un changement dans les états d'esprit, que tous les investissements se placent dans l'optique d'une économie bas-carbone, pour être prêts pour l'effort important qui sera nécessaire en 2030-2050".
Depuis la Révolution industrielle, le monde a déjà gagné 0,8° (sur les 2° d'objectif final). Si rien n'était fait, il filerait, selon le Giec, vers +3,7° à +4,8°.
Un saut dans l'inconnu: depuis la dernière époque glaciaire, il y a 20.000 ans, la température mondiale n'a crû que de 5°C.
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