Ils sont une douzaine d'élèves, filles et garçons entre 17 et 24 ans, à déambuler entre les caisses de poissons du petit port de pêche de Sète pour leur premier cours de techniques de pêche.
Manon, Léo, Paul-Emile, Jean et Martin font partie de la deuxième promotion du BTS Maritime pêche et gestion de l'environnement marin.
Ils seront "des sentinelles de la mer (), des techniciens qui vont gérer l'environnement en connaissant les contraintes des pêcheurs", explique Michel Tudesq, directeur du lycée de la Mer à Sète, seul établissement, avec celui de Boulogne, à dispenser ce nouveau BAC +2.
"Senne, chalut, palangre, canne, ligne", la salle de classe de Clément Calmettes, le professeur, c'est le port. Chaque navire est l'occasion d'ouvrir un chapitre du cours : techniques de pêche, artisanat, pêche industrielle, quotas, réglementation, mondialisation, surpêche, environnement
Après avoir observé de petits navires en bois, bariolés et intemporels, les élèves se massent le long d'un thonier d'une quarantaine de mètres. "Ce bateau sort seulement un mois par an. Parfois, il pêche son quota en quelques jours", affirme M. Calmettes. Devant les structures du thonier, il dévoile les secrets "de la pêche à la senne". Une méthode ancestrale où l'on encercle le poisson dans un filet.
Plus loin, devant un thonier en cale sèche, Clément Calmettes évoque les années fastes de la pêche au thon, avant que la surpêche ne contraigne l'Europe à envoyer les navires les plus récents, trop performants, à la casse.
L?enseignant dérive vers l'écologie et les bienfaits de la pêche artisanale, "moins consommatrice d?énergie fossile, plus respectueuse de la ressource".
Puis, les jeunes apprentis se regroupent autour d'un casier où quelques poissons frétillent encore. "Pagre, sole, loup de mer", Manon, l'une des trois filles de la classe, identifie les espèces.
- "De la navigation à l'écologie" -
Après un Bac S, une année de BTS biotechnologie, cette jeune fille de 20 ans, originaire de Sausset près de Marseille, a décidé de faire une année de mise à niveau au lycée de la Mer d'Etel (Morbihan) pour intégrer le BTS de Sète.
"Mon grand-père était un pêcheur de mérous et mon père amène les touristes pêcher le thon sur la Côte bleue", dit-elle pour expliquer qu'elle a "ça dans le sang".
Les douze élèves viennent de toute la France et n'ont pas forcément des parents pêcheurs. Léo, 18 ans, a fait de la compétition de fun board à haut niveau et raconte qu'après une seconde générale où il ne "s"intégrait pas", il s'est alors orienté vers un Bac pro "plaisance".
Paul-Emile, un Varois de 19 ans, ne trouvait pas non plus sa place dans l'enseignement classique. Au lycée de la Mer de Sète, qui compte 300 élèves, il a trouvé "une petite famille". "Ici on n'est pas toujours enfermé dans une classe. On sort en mer".
Martin, un Breton, est déjà allé en Chine à bord d'un porte-conteneurs, une expérience qui l'a "captivé". Il apprécie le côté touche-à-tout du BTS qui offre des débouchés multiples.
"On en fait des gens de mer et des techniciens de l?environnement qui pourront également travailler sur des navires océanographiques ou dans des parcs marins", souligne Clément Calmettes. Il précise que les élèves vont aussi passer leur brevet maritime niveau Capitaine 500 (pour commander des navires d'environ 45 m) et divers brevets de sécurité.
"L'avenir de la pêche passe par une diversité des activités, de la navigation à l'écologie, la biologie, la gestion des ressources", conclut le professeur qui, dans "une autre vie", avait choisi d'être pêcheur avant de suivre un master en gestion du littoral et de la mer.
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