L'eurodéputée Nadine Morano devrait se voir retirer son investiture Les Républicains en Meurthe-et-Moselle aux élections régionales après qu'elle a réitéré mercredi ses propos polémiques sur la "race blanche".
Nicolas Sarkozy, silencieux depuis samedi sur ce sujet, a finalement saisi la Commission nationale d'investiture, comme le demandait la tête de liste du parti pour les élections régionales dans le Grand Est, Philippe Richert. L'objet de cette saisine est clair, selon un communiqué du parti: "retirer l'investiture en Meurthe-et-Moselle à Nadine Morano".
Sarkozyste fervente pendant de nombreuses années, Mme Morano, plusieurs fois ministre durant le dernier quinquennat, avait vu son étoile pâlir depuis sa défaite aux législatives en 2012. Elle affiche depuis son intention de se présenter à la primaire de 2016, à laquelle Nicolas Sarkozy devrait aussi être candidat.
"Les positions de Nadine Morano ne sont, aujourd'hui, pas compatibles" avec les orientations de son équipe, a estimé M. Richert. Il a dénoncé l'"effet ravageur" de ses propos, estimant qu'elle "nous met en difficulté pour cette campagne".
Nadine Morano, elle, ne désarme pas. "Evidemment que je maintiens mes propos", a-t-elle lancé sur Europe 1, avant l'annonce de la saisie de la commission d'investiture.
Nadine Morano avait déclaré, samedi sur le plateau de l'émission "On n'est pas couché" de France 2: "Nous sommes un pays judéo-chrétien, le général de Gaulle le disait, de race blanche, qui accueille des personnes étrangères". A l'appui de ses propos, elle a de nouveau cité mercredi le général de Gaulle, lisant un extrait des "Mémoires d?espoir".
Elle a reçu le soutien encombrant du président d'honneur exclu du Front national, Jean-Marie Le Pen, pour qui l'ancienne ministre a "énoncé une évidence historique multiséculaire" en qualifiant la France comme pays de "race blanche". Il a critiqué la "gauchisation des esprits dans les rangs de l'ex-UMP".
"Qu?on me crucifie pour avoir cité les propos du général de Gaulle en me disant +mais ce sont des écrits anciens+, dans ce cas là pourquoi, sur le statut des réfugiés, cite-t-on la Convention de Genève de 1951, pourquoi cite-t-on le texte de la loi sur la laïcité qui date de 1905?", a demandé Nadine Morano.
- "Je n?ai rien dit de répréhensible" -
Nadine Morano a fait valoir pour sa défense qu'on avait "instrumentalisé" ses propos, assurant avoir reçu "des milliers de mails" de soutien, y compris de "gens de couleur".
Elle a rendu coup sur coup aux critiques dont elle a été l'objet, particulièrement virulente envers la numéro 2 du parti, Nathalie Kosciusko-Morizet, qui avait fermement condamné ses propos et clairement laissé entendre qu'elle souhaitait une sanction.
"Quand Nathalie Kosciusko-Morizet aime à se référer à une tueuse - elle dit je suis une tueuse -, je ne pensais pas qu?elle voulait assassiner le débat démocratique. () Je ne savais pas qu?elle avait elle seule sa liberté d?expression et qu'elle incarnait la police de la pensée dans notre famille politique. Donc je trouve ses propos déplorables", a-t-elle lancé.
"Je n?ai rien dit de répréhensible. D?ailleurs je n?ai pas de plainte contre moi, je n?ai jamais été condamnée sur rien, je suis d?une probité et d?une honnêteté que personne ne remet en cause et donc je ne vois pas comment j?arriverais devant un tribunal dans ma famille politique", s'est-elle justifiée, invitée mercredi par plusieurs médias.
Pour François Kalfon, conseiller régional PS d'Ile-de-France, "on n?en est plus à savoir si Mme Morano doit s?excuser de ses propos, on en est à savoir si Nicolas Sarkozy la sanctionne ou non". Le retrait de son investiture est, selon M. Kalfon sur Sud Radio, une "urgence", une "priorité absolue".
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