Le géant de l'automobile Volkswagen se démène pour organiser un gigantesque rappel des millions de voitures dont il a truqué les moteurs, dont un million rien qu'en France, tandis que la recherche des responsables de la supercherie s'intensifie.
Après une première vague de limogeages au sommet la semaine dernière, dont celui de l'ancien patron Martin Winterkorn et du directeur des ventes, de nouvelles têtes risquent de tomber ces prochains jours, dans les étages de direction inférieurs du constructeur de Wolfsburg (nord).
Le présidium, un comité réduit du conseil de surveillance comprenant cinq personnes, doit tenir ce mercredi une nouvelle réunion de crise, a appris l'AFP. Sonnée par la déflagration mondiale de ce scandale dont la facture promet d'ores et déjà d'être faramineuse pour Volkswagen, l'organe de contrôle a promis "une enquête sans concession".
Volkswagen, géant aux douze marques et 200 milliards d'euros de chiffre d'affaire mondial, a équipé 11 millions de véhicules dans le monde d'un logiciel capable de fausser les résultats de tests antipollution, et de faire passer les voitures pour plus vertes qu'elles ne sont vraiment. En France, ce sont près d'un million de véhicules qui sont concernés, a indiqué mercredi la filiale française (948.064 très exactement). Les marques VW, Audi, Skoda et Seat sont touchées.
Une douzaine de managers, soupçonnés d'avoir participé au développement et la mise en circulation du logiciel ou simplement d'avoir été au courant, ont été suspendus dans l'attente des conclusions d'une enquête interne, rapporte le mensuel Manager Magazin.
- "qui savait quoi, quand" ? -
"Les gens qui ont permis que cela arrive, ou qui ont pris la décision d'installer ce logiciel, ont agi d'une manière criminelle. Ils doivent en porter la responsabilité personnelle", a grondé mardi Olaf Lies, membre du conseil de surveillance de Volkswagen et ministre de l'Economie du Land de Basse-Saxe, actionnaire de Volkswagen.
Le directeur financier du groupe Hans-Dieter Pötsch était sur la sellette mercredi, compte tenu de sa proximité avec l'ex-patron Martin Winterkorn. Il était entendu jusqu'à maintenant qu'il prenne la tête de l'organe de contrôle en novembre, mais cette promotion "suscite de plus en plus de doutes", a déclaré au Handelsblatt Hans-Christian Hirt, directeur d'un fonds qui conseille un pool d'actionnaires de Volkswagen.
La question de "qui savait quoi, quand" suscitait d'intenses spéculation. Les moteurs incriminés ont commencé à être commercialisés dès 2009. "Cela signifie que le logiciel truqueur a dû faire l'objet de discussions dans la société à partir de 2007/2008", écrivait le Süddeutsche Zeitung.
Martin Winterkorn est arrivé aux manettes en 2007. Son prédécesseur Bernd Pischetsrieder et l'ancien patron de la marque Volkswagen ont fait savoir par leurs avocats mardi soir qu'ils n'avaient jamais rien su des moteurs manipulés.
Après avoir vu plus de 40% de sa valeur boursière fondre en l'espace d'une semaine, l'action Volkswagen tentait de se reprendre mercredi matin, affichant une hausse de 2,56% à 97,64 euros à 08H55 GMT.
- millions de rappels -
Pendant que le coup de balai se poursuit en interne, les avis de rappel de véhicules se multiplient partout en Europe. Les 5 millions de voitures de marque Volkswagen, des Golf, des Passat et des Tiguan notamment, devront repasser au garage, a prévenu le groupe, qui informera les clients en temps voulu.
La filiale suédoise de Volkswagen a annoncé le rappel de 225.000 véhicules, tandis qu'au Pays-Bas, 160.000 voitures sont concernées. En Belgique, "393.648 véhiculent roulent avec un moteur manipulé", a fait savoir mardi soir le ministre de l'Economie et des Consommateurs Kris Peeters.
Les enquêtes et dépôts de plaintes continuaient à pleuvoir sur le groupe. Après l'ouverture lundi par le parquet allemand de Brunswick d'une information judiciaire pour fraude à l'encontre de Martin Winterkorn, le parquet d'Ingolstadt (sud) étudie également une possible action en justice contre Audi, cette filiale de Volkswagen dont 2,1 millions de véhicules sont équipés du logiciel truqueur.
L'association française "Ecologie Sans Frontière" a annoncé mercredi qu'elle allait porter plainte contre Volkswagen. Des propriétaires de Volkswagen en Corée du Sud vont faire de même, a-t-on appris mercredi auprès d'un cabinet d'avocat de Séoul.
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