L'ONU se réunit mercredi sous l'égide de son secrétaire général Ban Ki-moon sur les crises migratoires dans le monde, en particulier en Europe qui a passé le cap symbolique du demi-million de migrants arrivés cette année par la Méditerranée.
Ban Ki-moon, qui a exhorté lundi les pays européens à "faire plus" pour les migrants et réfugiés, veut tenter de définir "une approche globale" à la crise migratoire, lors de ce sommet en marge des travaux de l'Assemblée générale.
La Hongrie du Premier ministre Viktor Orban devrait y défendre sa ligne dure et les clôtures aux frontières Schengen de son pays. Très critiquée pour sa politique anti-migrants, la Hongrie a dit vouloir proposer à l'ONU l'introduction de "quotas mondiaux" pour la répartition des réfugiés.
"L'Europe ne doit pas supporter la charge des migrants seule", a déclaré mardi le chef de la diplomatie hongroise Peter Szijjarto dans une conférence de presse à New York. "L'Europe n'est pas en état d'accepter des centaines de milliers, voire des millions de migrants économiques", a-t-il ajouté.
Afin de mieux répondre à la crise migratoire, le gouvernement allemand a, lui, approuvé mardi un durcissement des règles pour certaines catégories de demandeurs d'asile.
Le conseil des ministres à Berlin a décidé de déclarer l'Albanie, le Kosovo et le Monténégro "pays d'origine sûrs" afin de pouvoir accélérer les procédures d'examen des dossiers et d'expulsion. Ces règles doivent entrer en vigueur début novembre après un vote du Parlement.
Il s'agira aussi de réduire les aides financières, afin de rendre la venue en Allemagne moins attractive aux migrants économiques.
"Nous voulons envoyer un signal clair à ceux () qui ne fuient pas la guerre ou ne sont pas victimes de persécutions, nous voulons leur dire: ne venez pas", a lancé mardi le ministre de l'Intérieur, Thomas de Maizière.
Au premier semestre 2015, près de 40% des demandeurs d'asile en Allemagne étaient originaires des Balkans, alors que leur chance de voir leur demande acceptée est inférieure à 1%.
Or, avec entre 800.000 et un million de demandeurs attendus cette année, dont des centaines de milliers de Syriens, d'Afghans et d'Irakiens fuyant des guerres, les dossiers balkaniques contribuent à embouteiller le système d'accueil des réfugiés.
Parallèlement, le G7 et les pays du Golfe se sont engagés mardi à fournir 1,8 milliard de dollars pour le financement des agences de l'ONU qui aident les réfugiés syriens. "Particulièrement, l'agence de l'ONU pour les réfugiés et le Programme alimentaire mondial", a déclaré à la presse le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier.
Le Japon a, lui, annoncé le versement d'1,5 milliard de dollars pour aider les réfugiés d'Irak et de Syrie et soutenir les efforts de paix au Proche-Orient et en Afrique, a annoncé mardi son Premier ministre Shinzo Abe devant l'Assemblée générale de l'ONU.
- Juncker inquiet des divisions en Europe -
A l'échelle européenne, la crise migratoire a passé le cap symbolique du demi-million de migrants arrivés cette année par la Méditerranée. Près de 515.000 personnes et 3.000 morts ont été recensés dans un bilan du Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) publié mardi.
La ministre slovène de l'Intérieur Vesna Györkös Znidar a indiqué que la Slovénie était préparée au transit de quelques milliers de migrants vers l'Autriche et l'Allemagne en cas de fermeture de la frontière croato-hongroise. Mais "si 10.000 personnes arrivent chaque jour, ce sera un problème pour nous", a-t-elle prévenu.
Confronté à ces divisions, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a jugé mardi que "l'état de notre Union européenne n'est pas bon, les fissures de solidarité se multiplient".
S'inquiétant d'une "dangereuse renaissance de sentiments nationaux", M. Juncker a souligné que l'Union européenne avait "une ardente obligation" d'accueillir les réfugiés.
Pour la ministre de l'Intérieur conservatrice autrichienne, Johanna Mikl-Leitner, "s'il n'y a pas de solution internationale, il n'y a que deux possibilités: soit on continue comme ça (avec un corridor de fait jusqu'en Allemagne, ndlr), soit on adopte une attitude plus stricte aux frontières, y compris avec usage de la force".
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