La rapporteure publique du tribunal administratif de Châlons-en-Champagne a donné raison, mardi, aux médecins du CHU de Reims qui avaient suspendu en juillet, faute de "sérénité" dans ce dossier passionné, un processus d'arrêt des soins pour Vincent Lambert.
Le jugement a été mis en délibéré au 9 octobre.
Mettant en avant l'"indépendance professionnelle et morale" des médecins, la rapporteure publique Stéphanie Lambing a recommandé aux juges de rejeter la requête de François Lambert, le neveu du patient en état végétatif depuis un accident de la route en 2008.
Ce parent réclamait l'application par le CHU de Reims de la décision prise le 11 janvier 2014 par le docteur Eric Kariger d?arrêter l'alimentation et l'hydratation artificielles du patient en l'accompagnant jusqu'à la mort par des soins palliatifs.
Selon Stéphanie Lambing, l'actuelle médecin du CHU de Reims et successeur du Dr Kariger, qui a relancé puis suspendu une nouvelle procédure collégiale en vue d'un d'arrêt des traitements de Vincent Lambert, a agi "en fonction de sa responsabilité professionnelle et morale".
Sept ans jour pour jour après l'accident de voiture qui lui a causé des lésions cérébrales irréversibles selon des experts neurologues, la question de la fin de vie de Vincent Lambert, dont la famille se déchire sur son sort dans un interminable feuilleton judiciaire, était à nouveau examinée, cette fois par le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne.
La décision médicale d'interrompre le maintien en vie du patient avait été validée par la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH). Cette instance avait ainsi confirmé l'avis du Conseil d'Etat, pour qui la continuation des soins de Vincent Lambert constituait une obstination déraisonnable.
Après l'arrêt de la CEDH, le docteur Daniéla Simon, désormais en charge de Vincent, avait engagé "une nouvelle procédure en vue d'une décision d'arrêt des soins". Mais, contre toute attente, elle refusait de statuer sur sa fin de vie en raison de pressions extérieures nuisant à "la sérénité" et à "la sécurité" du patient comme des équipes médicales, notamment après des menaces d'enlèvement.
- Lobbies pro-vie -
"La nouvelle procédure collégiale, comme sa suspension en raison du contexte, sont des décisions préparatoires qui ne font pas grief à Vincent Lambert", a estimé la rapporteure publique.
"La décision médicale n'est pas une décision administrative, un directeur d'hôpital ne peut pas donner d'ordres à un médecin", a pour sa part plaidé Pierre Desmarais, l'avocat du CHU de Reims.
Pour Bruno Lorit, l'avocat de François Lambert, "le CHU manque de courage et fuit ses responsabilités" en refusant d'appliquer une décision "mûrement réfléchie" par le docteur Kariger qui avait le soutien de Rachel, l'épouse de Vincent et d'une partie des frères et s?urs.
"Vincent a le droit de ne pas subir d'acharnement thérapeutique comme il l'avait demandé, le CHU a cédé à des lobbies pro-vie", a déclaré le neveu de Vincent à l'issue de l'audience.
Si Rachel, l'épouse de Vincent qui se bat pour "laisser partir" son mari, n'a pas souhaité s'associer à la procédure engagée par le neveu, les parents, catholiques traditionalistes farouchement opposés à l'arrêt des soins, ont eux déposé un mémoire au tribunal.
"La situation de Vincent a évolué favorablement, il n'est plus en état végétatif mais en état pauci-relationnel. Une vidéo que nous avons tournée montre qu'il peut s'alimenter par la bouche et s'il était correctement pris en charge, la question de son alimentation artificielle ne se poserait pas", a expliqué aux juges Jérôme Triomphe, un des avocats des parents, qui réclament le transfert de leur fils vers un autre établissement.
Le débat sur la fin de vie, qui a été relancé par la succession des épisodes judiciaires de l?affaire Lambert depuis le printemps 2013, doit revenir début octobre devant l'Assemblée nationale avec l'examen en deuxième lecture d'un projet de loi rejeté en juin par le Sénat.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousA lire aussi
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.