L'armée afghane, épaulée par un soutien aérien américain, est entrée dans Kunduz mardi pour tenter de reprendre ce carrefour stratégique du nord aux rebelles talibans qui s'en sont emparé la veille, une première depuis la chute de leur régime en 2001.
"Nos forces avancent dans la ville", a assuré le président afghan Ashraf Ghani, dont le premier anniversaire à la tête de l'Afghanistan coïncide avec cette cinglante défaite.
La contre-offensive, menée par "des renforts" venus de plusieurs provinces, a déjà permis de reprendre le quartier général de la police et la prison, vidée lundi de ses détenus par les insurgés, a assuré le ministère afghan de la Défense dans un communiqué. Sur les 600 prisonniers libérés, "110 étaient des talibans", a indiqué Rahmatullah Nabil, le chef du renseignement afghan, lors d'une conférence de presse.
Sur le terrain, l'armée afghane ne peut plus guère compter sur l'appui des forces étrangères de l'Otan dont les 13.000 soldats encore déployés dans le pays se limitent à conseiller et former leurs homologues afghans.
En revanche, l'armée américaine, qui procède régulièrement à des frappes contre les insurgés dans l'est afghan, a fourni un soutien aérien aux troupes gouvernementales en réalisant une frappe aérienne dans les environs de Kunduz, destinée à "éliminer une menace" non précisée, selon la mission de l'Otan dans le pays.
Cette aide venue du ciel vise à soutenir des troupes afghanes vite débordées lundi face aux insurgés islamistes. La tache de l'armée dans la ville est très ardue, car "l'ennemi utilise des habitants comme boucliers humains", d'après Ashraf Ghani.
- La peur des femmes -
Les talibans ont incité les habitants de Kunduz à reprendre une "vie normale", signe de leur volonté de gagner les c?urs de la population civile.
Mais un employé occidental d'une ONG installé à Kunduz, qui est parti lundi, a raconté que la porte de ses locaux avait été "défoncée" par les talibans. "D'autres ONG ont vu leur matériel volé" par les insurgés.
Le ministère de la Santé a avancé un bilan de 16 morts depuis lundi, sans toutefois dire s'il s'agissait de civils et/ou de soldats.
Le spectre d'un retour au régime des talibans (1996-2001), notoirement discriminatoire envers les femmes, faisait aussi trembler certaines habitantes. "Nous avons peur de sortir de chez nous, d'être frappées par les talibans", a raconté Sadiqa Sherza, une femme qui dirige Roshani Radio.
La prise de Kunduz, avec ses 300.000 habitants, a un impact d'autant plus grand qu'elle est intervenue lundi tout juste un an après l'avènement du gouvernement d'union nationale d'Ashraf Ghani. Proche des Occidentaux, M. Ghani avait été élu sur la promesse de ramener la paix dans son pays déchiré par plus de 30 ans de conflit, dont 14 ans avec les talibans.
Dès lundi soir, le chef des talibans, le mollah Akhtar Mansour, nommé cet été après l'annonce à rebours de la mort du mollah Omar, a salué une "grande victoire" pour ses combattants.
Les talibans ont déjà déplacé la bataille sur le terrain symbolique. Leur porte-parole Zabihullah Mudjahid a publié sur Twitter une photo montrant des combattants hissant le drapeau blanc du mouvement en centre-ville.
- 'Une vie normale' -
La prise de Kunduz semble également une victoire personnelle pour le mollah Mansour, dont l'autorité a été mise à mal par des divisions internes, nourries notamment par la famille du mollah Omar, qui a contesté sa désignation cet été.
"Nous ne pourrons peut-être pas tenir la ville sur le long terme, mais (cette opération) est une réponse au gouvernement qui affirme que nous ne sommes forts que le long de la frontière avec le Pakistan", à l'est et au sud de l'Afghanistan, a souligné devant l'AFP un commandant taliban installé à Peshawar, au Pakistan.
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