Carton rouge à Jack Warner ! Alors que Joseph Blatter et Michel Platini attendent toujours mardi le verdict de la commission d'éthique de la Fifa, celle-ci a suspendu à vie le Trinidadien, homme clef du scandale de corruption autour du football mondial.
Le couperet se rapproche-t-il ? Toujours est-il que la commission d'éthique a mis fin mardi à la carrière de Warner: l'ancien vice-président de la Fifa, l'homme avec qui Blatter aurait signé un contrat défavorable à la Fifa, selon la justice suisse, a été suspendu "à vie de toute activité liée au football", pour avoir "proposé ou accepté des paiements illégaux", autrement dit des pots-de-vin.
Agé de 72 ans, Warner, ancien patron de la Confédération d'Amérique du nord, d'Amérique centrale et des Caraïbes (Concacaf) et encore président de la Fédération des Caraïbes (CFU) jusqu'à ce matin, est toujours sous le coup d'une demande d'extradition des Etats-Unis. Arrêté à Port d'Espagne, fin mai, il attend l'audience de la justice trinidadienne sur son dossier, prévue le 2 décembre.
M. Warner fait partie des neuf dirigeants du football mondial interpellés le 27 mai, avec cinq hommes d'affaires, à la demande des autorités américaines, pour avoir perçu quelque 150 millions de dollars de pots-de-vin et de rétrocommissions depuis le début des années 1990.
C'est notamment pour ses liens supposés avec Warner que la justice suisse a ouvert vendredi une procédure pénale contre Sepp Blatter, pour "gestion déloyale" (abus de biens sociaux) et "abus de confiance". Les accusations du ministère public helvète sont basées sur un contrat que le Valaisan de 79 ans aurait signé avec Warner, par lequel il lui aurait cédé à une valeur très en dessous du marché les droits de diffusion télévisée dans la région des Mondiaux 2010 et 2014.
- Blatter et Platini en défense -
Lundi, c'est sur l'autre volet des accusations de la justice suisse que M. Blatter avait orienté sa défense, celui d'un paiement de 2 millions de francs suisses à Michel Platini, en février 2011, "prétendument pour des travaux effectués entre janvier 1999 et juin 2002" par le patron de l'UEFA.
Blatter l'a assuré lundi soir, via un communiqué de ses avocats: c'était une "rétribution justifiée" pour le travail de "conseiller à la présidence" de l'ex-triple Ballon d'or. De fait, Platini, après avoir aidé Blatter à se faire élire à la tête de la Fifa en 1998, s'était vu offrir par le Suisse un poste de conseiller de 1999 à 2002.
Lundi soir, M. Platini a lui aussi répété que ce paiement correspondait à la période de 1998 à 2002 lors de laquelle il avait été "employé par la Fifa", tout en travaillant depuis Paris. Comment a-t-il expliqué lui ce retard de 9 ans dans le paiement ? "Après que des paiements initiaux ont été effectués, le solde final de 2 millions de francs suisses a été versé en février 2011", a simplement précisé Platini.
L'affirmation de son entourage selon laquelle la Fifa, alors empêtrée dans une autre affaire, n'avait pas les liquidités à l'époque pour finir de le payer, semble elle sujette à caution: "L'explication ne tient pas, à l'époque la Fifa avait procédé à une opération de titrisation et disposait des moyens de payer Platini", a assuré à l'AFP mardi un ancien haut cadre de la Fifa.
- Blatter droit dans ses bottes -
Tenue de respecter le silence sur les enquêtes ouvertes et les personnes visées, la chambre d'instruction de la commission d'éthique de la Fifa dispose a priori d'assez d'éléments pour enquêter sur les deux hommes.
Mais pour un autre ancien responsable de la Fifa, "suspicion ne vaut pas preuve, et dans ces conditions, la commission pourrait ne pas suspendre Blatter". Ni Platini a fortiori.
Dans la tourmente, le Valaisan reste lui droit dans ses bottes: il a réaffirmé lundi soir vouloir "rester président" de la Fifa comme prévu, jusqu'au 26 février, date de l'élection de son successeur.
L'un des candidats à sa succession, le milliardaire sud-coréen Chung Mong-joon, a lui demandé mardi la création d'une "task force d'urgence", sorte de comité de crise pour gérer l'institution et permettre au secrétariat de la Fifa "de fonctionner sans interruption".
Ironie du sort, Chung serait lui-même, selon la presse, objet d'une enquête de la commission d'éthique de la Fifa, pour des dons en 2010 au Pakistan et à Haïti.
Quelques minutes après l'annonce de la suspension à vie de Jack Warner, la justice suisse a annoncé avoir autorisé l'extradition vers les Etats-Unis d'un autre des dirigeants interpellés le 27 mai à Zurich, le Costaricien Eduardo Li, membre du comité exécutif de la Fifa et ex-président de la Fédération de son pays.
Au total, trois de ces dirigeants ont vu leur extradition autorisée par la justice suisse, avec le Vénézuélien Rafael Esquivel, président de sa fédération nationale, et Eugenio Figueredo, vice-président et membre du comité exécutif de la Fifa. Ils ne seront réellement extradés qu'après l'examen de leurs appels éventuels.
Un seul des neuf dirigeants arrêtés fin mai en Suisse, Jeffrey Webb (Iles Caïman), vice-président et membre du comité exécutif de la Fifa, a pour l'heure été effectivement extradé, de son plein gré. Après avoir plaidé non coupable, il avait été libéré le 18 juillet moyennant une caution de 10 millions de dollars.
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