Bangui est restée paralysée toute la journée de lundi par des barricades érigées sur ses principaux axes, dans un climat d'extrême tension après un week-end de violences meurtrières accompagnées de pillages.
Trois manifestants ont été tués et sept blessés à la mi-journée par des tirs de Casques bleus de la Mission des Nations unies en Centrafrique (Minusca), chargés de la protection des abords du palais présidentiel, a indiqué à l'AFP une source hospitalière, sous couvert de l'anonymat.
Les manifestants s'étaient dirigés vers la présidence en réclamant la démission de la présidente de transition, Catherine Samba Panza, actuellement à New York pour participer à l'Assemblée générale des Nations unies.
Celle-ci a quitté New York lundi pour rentrer précipitamment à Bangui, a-t-on appris de sources diplomatiques occidentales. Une réunion sur la Centrafrique était pourtant prévue jeudi en marge de l'Assemblée.
Le Conseil de sécurité de l'ONU a exprimé lundi soir sa "profonde préoccupation" concernant la situation en Centrafrique et appelé à l'"arrêt immédiat des violences". Il a réitéré son "soutien aux autorités de transition, dirigées par Catherine Samba Panza", et appelé à la tenue d'élections libres et transparentes "d'ici la fin 2015".
La Minusca affirme que les Casques bleus défendant le palais présidentiel n'ont pas "ouvert le feu" contre des manifestants, dans un communiqué transmis à l'AFP à Libreville.
"Les responsables des Casques bleus de la Minusca nient qu'ils aient ouvert le feu sur les populations", indique le bref communiqué. "Cela dit la Minusca reste préoccupée par de telles allégations et va procéder à leur vérification".
Après la dispersion de la manifestation, des tirs d'origine indéterminée ont été entendus dans un autre quartier de la capitale et un adolescent a été tué par "une balle perdue", selon cette source hospitalière.
En l'absence de bilan officiel du gouvernement de transition semblant dépassé par la situation chaotique, les estimations du nombre de victimes depuis samedi vont d'une vingtaine à une trentaine de morts et une centaine de blessés, selon les sources hospitalières et humanitaires.
Médecins sans frontières (MSF) parle notamment d'au moins 21 tués: "En 24 heures, plus de 100 blessés et 21 décès ont été enregistrés, mais le bilan définitif pourrait être plus élevé", indique l'ONG. L'Unicef fait état d'"une trentaine de tués" dans un communiqué.
La circulation est restée inexistante lundi sur les avenues de la capitale centrafricaine. Les forces française Sangaris et de la Minusca) toujours présentes pour tenter de stabiliser le pays après les massacres intercommunautaires de 2013-2014, étaient positionnées en différents points de Bangui.
Craignant, comme les chauffeurs de taxis, d'être agressés ou dévalisés, la plupart des commerçants n'ont pas ouvert leurs échoppes lundi matin à la levée du couvre-feu instauré la veille par le gouvernement de transition.
Le couvre-feu n'a d'ailleurs pas été respecté, des pillages ont été signalés pendant la nuit dans divers quartiers et des tirs ont retenti à plusieurs reprises.
"La gendarmerie, le ministère de la Défense et la radio d'Etat ont été attaqués cette nuit par des individus armés", a indiqué à l'AFP sous couvert d'anonymat une source militaire centrafricaine. "L'attaque a été repoussée, faisant des victimes parmi les assaillants", a ajouté cette source, sans pouvoir fournir de bilan précis, ni d'identification des assaillants.
- Un assassinat comme détonateur -
Un assassinat a servi de détonateur à cette nouvelle explosion de violences dont la capitale centrafricaine est coutumière depuis deux ans.
Selon des habitants, un conducteur de moto-taxi a été égorgé samedi matin au PK-5, ce qui a déclenché des violences dans ce quartier majoritairement musulman. Le PK-5 a été l'épicentre des massacres intercommunautaires à Bangui et il représente le dernier bastion des musulmans chassés des autres quartiers par les milices chrétiennes anti-balaka.
Violences et pillages de commerces, d'entrepôts et de maisons se sont ensuite étendus aux quartiers limitrophes.
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