Bernard Tapie demande mardi à la cour d'appel de Paris réparation pour la revente d'Adidas par le Crédit Lyonnais, qu'il accuse de l'avoir floué au début des années 1990.
L'audience s'est ouverte vers 09H30 en l'absence de l'homme d'affaires.
Mais ce dernier se montre déterminé. En mars, il avait prévenu les juges financiers parisiens que quoi qu'il advienne du dossier pénal sur l'arbitrage dans lequel il est mis en examen, il ne renoncerait jamais à obtenir réparation pour ce qu'il estime être son bon droit: être indemnisé, plus de vingt ans après avoir été, à ses yeux, trahi par la banque publique.
En février, la cour d'appel de Paris avait annulé l'arbitrage controversé qui, en octroyant en juillet 2008 quelque 400 millions d'euros à Bernard Tapie, avait d'abord semblé mettre un terme à cet interminable feuilleton.
Mais la justice pénale s'en est mêlée et l'homme d'affaires, un de ses avocats, un des juges-arbitres et trois autres personnes sont mis en examen, notamment pour escroquerie en bande organisée.
Loin de mettre un terme à la saga, l'annulation de l'arbitrage ramène la justice à sa genèse: les récriminations de Bernard Tapie contre le Crédit Lyonnais et ses filiales, qu'il accuse de s'être enrichis frauduleusement et à ses dépens dans l'opération de revente d'Adidas à Robert Louis-Dreyfus, puis de mise en Bourse de l'équipementier sportif.
Des accusations qui devaient être contestées à l'audience par le CDR, l'organisme qui gère l'héritage du Lyonnais.
Bernard Tapie, 72 ans, devrait revoir ses exigences à la hausse. "Désormais, il n'y a plus de limites", prévenait-il en février, dans son quotidien La Provence.
Il pourrait réclamer entre 600 millions d'euros et plus d'un milliard, selon une source proche du dossier. La cour devrait rendre sa décision avant la fin de l'année.
- Un Tapie au sommet -
Au tout début des années 1990, Bernard Tapie avait acquis Adidas via sa société allemande Bernard Tapie GmBH, pour 1,6 milliard de francs, appuyé sur un pool bancaire mené par une filiale du Lyonnais, la Société de banque occidentale (SdBO).
Fin 1992, Bernard Tapie décide de cesser ses activités économiques pour se consacrer à sa carrière politique.
Couvé par François Mitterrand, président de l'Olympique de Marseille qui règne sans partage sur le football français, l'homme d'affaires médiatique est au sommet quand il conclut un accord avec la SdBO qui prévoit l'apurement de ses dettes, notamment par la vente de ses parts dans Adidas, soit 80% du capital. Il donne un mandat de vente de ses actions au Crédit lyonnais pour 2,085 milliards de francs, soit près de 320 millions d'euros.
Deux mois plus tard, le 12 février 1993, c'est chose faite, les actions étant achetées à ce prix par huit acquéreurs, dont une filiale du Lyonnais, Clinvest, des structures off-shore et une structure luxembourgeoise appartenant à l'homme d'affaires Robert Louis-Dreyfus, dit "RLD". Or, le même jour, ce groupe d'acquéreurs consent une promesse de vente des titres à une société de "RLD" pour près de 3,5 milliards de francs, option levée fin 1994.
Pour le camp Tapie, il y a eu tromperie de la part de la SdBO et de Clinvest, avec un montage conçu à l'avance dans l'objectif de capter la plus-value sur la vente d'Adidas, notamment par le biais des structures off-shore. Il y aurait eu déloyauté du Lyonnais, banque historique de Tapie, qui n'aurait pas respecté son obligation de conseil.
Deuxième grief de l'ex-ministre: la mise en Bourse de la société en 1995, sur laquelle la banque touchera une rémunération. L'homme d'affaires assure que s'il avait été éclairé par le Lyonnais et ses entités sur un projet de mise en Bourse d'Adidas, il y aurait procédé lui-même.
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