Le gouvernement a renoncé à prélever 100 millions d'euros sur les réserves des universités pour le budget 2016, a annoncé lundi le Premier ministre Manuel Valls, un effort jugé "exceptionnel" mais qui ne convainc pas le principal syndicat étudiant.
Lors de la visite d'une université à Avignon, le chef du gouvernement a déclaré que "100 millions d'euros supplémentaires" seraient consacrés au budget de l'Enseignement supérieur et de la Recherche dans le projet de loi de finances pour 2016 qui sera présenté mercredi.
Ces 100 millions d'euros sont en fait de l'argent qui ne sera pas ponctionné, comme cela avait été prévu, sur les fonds de roulement des facultés et écoles (l'argent mis de côté par les établissements, estimé à quelque 1,5 milliard d'euros) dans le budget 2016.
En 2015, l'État avait en effet récupéré 100 millions d'euros dans le "bas de laine" d'une cinquantaine d'universités et d'écoles et décidé que 200 millions supplémentaires seraient prélevés en 2016 puis autant en 2017.
Cette mesure avait été qualifiée de "véritable hold-up financier" par la Conférence des présidents d'université (CPU) et la Conférence des directeurs des écoles françaises d'ingénieurs (CDEFI). Un "exercice de solidarité", avait rétorqué le gouvernement, rappelant que cet argent aide au financement des dotations pour l'ensemble des établissements de l'enseignement supérieur.
Le budget de l'Enseignement supérieur et de la Recherche totalise quelque 25,7 milliards d'euros (26 milliards avec les retraites).
Les syndicats étudiants protestent chaque rentrée contre le manque de moyens des universités françaises. Le premier d'entre eux, l'Unef, dénonce par exemple la suppression de postes d'enseignants, la diminution de l'encadrement des étudiants, le report aux calendes grecques de la rénovation des bâtiments les plus vétustes, faute de budget.
- "masalledecoursvacraquer" -
Mais cette année, le ton est monté d'un cran. Les dotations de 2015 n'ont été précisées qu'en avril, avec plusieurs mois de retard. Cette rentrée, le site de blog Tumblr "masalledecoursvacraquer" fait fureur sur les réseaux sociaux, alimenté par les étudiants qui postent des photos d'amphithéâtres combles et de jeunes entassés dans des salles annexes.
Même si "beaucoup a été fait" pour moderniser les universités françaises depuis le début du quinquennat, "je connais aussi la tension à laquelle les personnels de l'enseignement supérieur et de la recherche font face pour mettre en oeuvre cette modernisation", a déclaré lundi Manuel Valls.
Il a reconnu que l'effort de 2015 "n'avait pas été simple à réaliser", citant aussi le "défi" de la hausse du nombre d'étudiants, qui est de 1% à 2% chaque année depuis 2012. "C'est une chance", mais aussi "une très grande responsabilité", a souligné le Premier ministre.
"Il n'y aura donc, cette année, pas de prélèvement sur le fonds de roulement des universités. Par conséquent, l'État mobilisera 100 millions d'euros supplémentaires pour le budget de l'enseignement supérieur et de la recherche. Cette mesure sera introduite au cours du débat parlementaire sur la loi de finances pour 2016", a-t-il précisé.
Son annonce n'a pas impressionné l'Unef, qui estime qu'il s'agit de "la plus faible évolution depuis le début du quinquennat". "A répartir entre une centaines d'établissements publics et d'organismes de recherche, cette évolution ne sera même pas en mesure de couvrir l'augmentation mécanique du coût de leur masse salariale", ajoute l'organisation.
Elle juge cela "contradictoire avec l'objectif de 60% d'une classe d'âge diplômée de l'enseignement supérieure" fixé récemment par le président François Hollande.
Hausse continue du nombre d'étudiants (+65.000 à la rentrée 2015, soit +2,5%, à 2,5 millions), accroissement de la masse salariale en raison d'une pyramide des âges qui vieillit, vétusté des locaux Depuis leur autonomie instaurée par la loi du 10 août 2007, les universités peinent à boucler leur budget chaque année.
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