Volkswagen a poursuivi lundi ses révélations sur l'ampleur du scandale des moteurs diesel truqués, tandis que la justice allemande a placé l'ex-patron Martin Winterkorn dans son viseur et que Berlin mettait le géant de l'automobile sous pression pour corriger le tir.
Sur les 11 millions de véhicules équipés d'un logiciel capable de fausser les résultats des tests antipollution - des voitures mais aussi selon Berlin des utilitaires légers - 2,1 millions sont des Audi, a indiqué lundi un porte-parole d'Audi. Le constructeur haut de gamme est l'une des douze marques dans l'escarcelle de Volkswagen, dont plusieurs sont affectées par le sandale qui secoue le groupe.
Vendredi, celui-ci avait dévoilé le chiffre des voitures concernées pour la seule marque VW (5 millions).
Greenpeace a d'ores et déjà critiqué la communication "par à-coups" de Volkswagen, qui, après s'être doté vendredi d'un nouveau patron, a pourtant promis "un enquête sans concession" et "un nouveau départ".
Michael Müller, jusqu'ici patron de la filiale Porsche, a succédé à Martin Winterkorn, 68 ans et patron depuis 2007, qui a endossé la responsabilité de l'affaire tout en affirmant n'avoir été au fait de rien.
Cela n'a pas empêché la justice allemande, plus spécifiquement le parquet de Brunswick, d'ouvrir une information judiciaire contre M. Winterkorn, soupçonné de "fraude". Parallèlement, a indiqué le parquet lundi, Volkswagen a déposé une plainte contre X au même motif.
- planétaire -
"L'objectif des enquêtes est en particulier d'apporter de la lumière sur les responsabilités" pour cette affaire retentissante, qui a éclaté il y a dix jours aux Etats-Unis et a pris une dimension planétaire.
Le président du conseil de surveillance a incriminé vendredi "un petit groupe de personnes" pour la supercherie, sans en dévoiler ni le nombre ni l'identité.
Des enquêtes sont ouvertes dans plusieurs pays, des plaintes ont été déposées - dont des "class actions" aux Etats-Unis, des tests vont être menés partout, élargis même en France aux modèles diesel de tous les constructeurs ; les réactions outrées se suivent et se ressemblent - l'ex-Premier ministre français François Fillon s'est dit lundi "plus que choqué" - et l'Allemagne industrielle toute entière s'inquiète de sa réputation de qualité et de probité.
Selon des révélations de presse durant le weekend, l'équipementier Bosch aurait fourni à son client Volkswagen le logiciel incriminé à des fins de test, et ce dès 2007, tout en le prévenant que son utilisation contrevenait à la loi.
Le gouvernement allemand, par le biais de l'autorité de sûreté automobile KBA, a sommé Volkswagen de présenter d'ici le 7 octobre une feuille de route et un calendrier "permettant de savoir quand une solution technique pour les voitures concernées peut être mise en oeuvre". A savoir, comment le groupe compte s'y prendre pour rappeller les 2,8 millions de voitures concernées par la fraude en Allemagne, et les remettre aux normes.
- quels coûts? -
Volkswagen n'était pas joignable pour commenter lundi. L'association des concessionnaires Volkswagen ne souhaitait pas s'exprimer sur la question.
Les coûts directs et indirects de cette gigantesque opération de remise aux normes - qui ne sera pas circonscrite à l'Allemagne - sont difficiles à anticiper. La banque allemande DZ Bank avançait lundi qu'il pourrait en couter 1 à 3 milliards d'euros de plus que les 6,5 milliards d'euros mis de côté pour le moment par Volkswagen sous forme de provisions. Pour les experts d'ING au contraire, les 6,5 milliards d'euros pourraient y suffire. S'y ajouteront les possibles amendes - pouvant aller jusqu'à 18 milliards de dollars rien qu'aux Etats-Unis - et les effets pour le moment incalculables sur les ventes du groupe.
Ce qui est sûr pour tous, c'est que les finances de Volkswagen - qui emploie près de 600.000 salariés dans le monde et dégage 200 milliards d'euros de chiffre d'affaires par an - vont être sérieusement grevées, et que le dommage en terme d'image est énorme.
En Bourse l'action continuait sa dégringolade, avec une chute de 6,88% à 99,86 euros à 12H30 GMT à Francfort. Elle avait déjà perdu 34% en cinq séances la semaine dernière, faisant s'évaporer plus de 20 milliards d'euros de capitalisation boursière.
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