Quelles dépenses, pour quelles économies? Le gouvernement dévoilera mercredi son projet de budget 2016, chargé d'entériner les baisses d'impôts promises aux ménages et les nouveaux allègements de charges pour les entreprises, tout en ouvrant la voie au prélèvement à la source.
Au-delà de l'habituelle avalanche de chiffres et de pourcentages, le grand public retiendra du "projet de loi de finances" (PLF) qu'il scelle le passage de l'impôt à l'ère numérique.
Bercy envisage en effet de généraliser la télédéclaration des revenus. Selon Les Échos, la mesure concernera dans un premier temps les ménages les plus aisés, gagnant plus de 50.000 euros par an, qui se verront infliger une amende de 15 euros s'ils persistent à déclarer sur papier.
Cette mesure, destinée à préparer le terrain de la retenue à la source de l'impôt sur le revenu en 2018, se fera de façon "souple et progressive", a précisé Bercy. Les contribuables n'ayant pas accès à internet pourront ainsi le signaler en "cochant une case", et être dispensés de déclaration en ligne.
Le budget 2016, dernier exercice en année pleine pour la majorité, 2017 étant une année d'élection présidentielle, sera également l'occasion selon l'exécutif de tourner la page du "ras-le-bol fiscal" né au début du quinquennat.
Le PLF concrétisera ainsi la baisse de deux milliards d'euros de l'impôt sur le revenu promise par François Hollande, qui touchera huit millions de contribuables, dont trois millions de nouveaux bénéficiaires.
Ce geste fiscal s'ajoutera au nouveau train de mesures en faveur des entreprises prévu dans le cadre du pacte de responsabilité. Contesté par une partie de la gauche, ce coup de pouce devrait coûter neuf milliards à l'Etat, comparé à 2015.
Les hauts fonctionnaires du ministère des Finances devront en outre composer avec les nouvelles dépenses promises depuis l'été par le gouvernement, que ce soit pour accueillir les réfugiés ou pour aider les agriculteurs. Soit près de deux milliards supplémentaires.
Comment Bercy s'y prendra-t-il pour financer toutes ces promesses? "Toute nouvelle dépense sera compensée par des économies", a répété le ministre des Finances Michel Sapin. En promettant que l'objectif de réduction du déficit public, à 3,3% du PIB contre 3,8% en 2015, sera respecté.
La France s'est engagée auprès de Bruxelles à réduire la dépense publique de 50 milliards d'euros en tendance d'ici à la fin du quinquennat, répartis entre l'Etat, les collectivités et les régimes sociaux.
- 'A bras le corps' -
Rien qu'en 2016, en tenant compte des dépenses nouvelles, le montant des économies à réaliser devrait s'élever à un peu moins d'une vingtaine de milliards d'euros, dont un gros tiers pour l'Etat. Un chiffre non négligeable au regard de son budget, de 372,9 milliards en 2015.
Nous assumons "nos choix de maîtrise de la dépense publique, nos choix de sérieux budgétaire", a assuré dimanche Manuel Valls, estimant que le gouvernement avait "pris le problème des déficits à bras le corps".
Outre les mesures en faveur de la télédéclaraion, qui permettront de faire des économies de traitement de données, le gouvernement pourrait ainsi tailler dans des dispositifs jugés trop dispendieux, comme les aides aux logements (APL), les niches sociales ou les aides versées aux Chambres de commerce et d'industrie.
Pour boucler son budget, Bercy mise aussi sur quelques mannes bienvenues, comme la cellule de régularisation des repentis fiscaux, qui devrait rapporter 2,6 milliards en 2016, ou la vente des deux Mistral à l'Égypte, qui rapportera à l'Etat près de 950 millions d'euros.
Le ministère des Finances joue également le calendrier. Dans le budget de la Sécurité sociale présenté cette semaine, il a repoussé de trois mois - au grand dam du patronat - des baisses de cotisations promises aux entreprises. De quoi dégager un milliard d'euros pour des mesures de soutien à l'investissement et aux PME.
La conjoncture, pour sa part, sera-t-elle un handicap ou un allié? Selon Bercy, la croissance sera de 1,5% l'année prochaine, et l'inflation - synonyme de rentrées fiscales accrues - de 1,0%. Une projection "prudente", selon Michel Sapin, qui souhaite s'appuyer sur l'objectif de croissance pour "aller plus loin".
Reste que des incertitudes planent sur la reprise, sur fond de ralentissement de l'activité en Chine: au deuxième trimestre, la France a enregistré une croissance nulle, et en août, le chômage a atteint un nouveau record.
"Nous sommes sur la bonne voie", a néanmoins assuré dimanche le Premier ministre Manuel Valls. En demandant au patronat de "prendre ses responsabilités" en embauchant.
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