Même sans majorité des voix, les indépendantistes ont remporté une victoire aux élections régionales en Catalogne, qui pose un énorme défi au gouvernement conservateur de Mariano Rajoy, à trois mois des législatives en Espagne.
Le camp des séparatistes catalans, qui avait voulu transformer ces élections en plébiscite sur l'indépendance, a remporté dimanche 72 sièges sur 135, la majorité absolue au parlement régional, mais en voix, avec 47,8% des suffrages, il n'aurait pas gagné un référendum.
C'est aussi la conclusion du Parti populaire de Mariano Rajoy, qui en fait une lecture très littérale: "La majorité de la Catalogne a rejeté l'indépendance".
Une phrase tranchant avec l'euphorie des partisans de "Junts pel si" (Ensemble pour le oui) et de la CUP, les deux listes indépendantistes arrivées en tête en Catalogne.
Sur une place de Barcelone, face à l'ancien marché couvert du Born près de 2.000 personnes ont dansé dans la joie jusqu'à minuit.
- 'Légitimes' pour lancer le processus indépendantiste -
Artur Mas, le président régional sortant, et son allié sur la liste Oriol Junqueras, chef de la Gauche républicaine de Catalogne (ERC), s'étaient auparavant succédé à la tribune pour célébrer la victoire, estimant être "légitimes" pour lancer le processus indépendantiste.
La tête de liste "d'Ensemble pour le oui", Raul Romeva, a encore enfoncé le clou, dans un entretien avec l'AFP. "Nous avons un mandat qu'il faut mettre en oeuvre. S'il y a négociation avec l'Etat espagnol, tout sera plus facile. Mais en l'absence de volonté de la part de l'Etat, nous le ferons aussi, la proclamation (d'indépendance) aura lieu".
Pendant ce temps, le chef de l'autre liste indépendantiste, avec laquelle M. Mas devra s'accorder pour que sa coalition parvienne au pouvoir, invitait à la "désobéissance".
"A partir de demain, les Catalans peuvent et doivent désobéir à la législation", a déclaré Antonio Baños, en appelant les habitants de la région à ne pas appliquer "les lois injustes pour les classes sociales catalanes".
Mais, dans les faits, les indépendantistes n'ont pas obtenu une majorité forte, avec 1,9 million de voix sur quatre.
Et Mariano Rajoy de son côté a prévenu qu'il ne tolérerait aucun acte unilatéral illégal.
Cette semaine, le parlement doit d'ailleurs adopter une réforme urgente du tribunal constitutionnel qui lui permettra de suspendre de leurs fonctions les autorités - comme M. Mas - qui ne respecteraient pas ses décisions, même provisoires.
"Cela crée une situation de très grande incertitude", a déclaré à l'AFP le directeur de l'institut de sondages GAD3, Narciso Michavila, réputé proche des conservateurs.
"Je ne comprend pas la joie, les rires, et les célébrations de certains () après des résultats qui laissent la Catalogne, et l'Espagne dans une situation très difficile, une voie sans issue", a de son côté analysé le chef du parti de gauche radicale Podemos, Pablo Iglesias.
Ce professeur de sciences politiques a également déploré le "très décevant" résultat de la coalition "Catalogne oui c'est possible", dont sa formation fait partie.
- Les yeux rivés sur les législatives -
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousA lire aussi
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.