Une "pêche mûre" ou un "rubis": dans un petit village au sud de Toulouse, des astronomes amateurs ont passé des heures derrière leurs télescopes et leurs lunettes à admirer l'éclipse de Lune exceptionnelle de la nuit de dimanche à lundi.
Sur une terrasse, dans la commune de Latrape (Haute-Garonne), une vingtaine de personnes observent au coeur de la nuit le disque éblouissant de la pleine Lune, au-dessus de l'horizon où se détachent les reliefs des Pyrénées.
"La Lune passe la plupart du temps au-dessus et en dessous de l'ombre de la Terre. Ce soir, elle sera pile dedans", explique Jacques Sanchez, président de l'association Pléiades, qui gère ce petit observatoire situé à 45 km de Toulouse.
En plus de cette éclipse totale, "on a une super Lune, c'est-à-dire qu'elle est située au périgée, au plus près de la Terre. Il faudra attendre 2033 pour retrouver la même configuration", poursuit le sexagénaire, qui précise que le diamètre du satellite de la Terre est supérieur de 14% par rapport au minimum de son cycle.
Entre deux cafés, sous des coupoles blanches ou face à des ordinateurs, il suit l'évènement en lien avec des clubs québécois à Montréal et avec Laval, qui vont prendre des photos simultanées de cette éclipse visible du continent américain au Moyen-Orient.
"L'ombre de la Terre commence à mordre la Lune, elle va la grignoter", commente Hugues Alexandre, lui aussi membre de l'association. Vers 03H00, l'obscurité commence en effet à envahir les mers et les cratères présents à la surface la Lune, déformant petit à petit l'astre brillant.
- "Art de grande patience" -
Debout près d'un télescope d'1,20 m, jumelles autour du cou, Christophe Boeuf, artisan dans le bâtiment de 41 ans, observe la Lune qui s'assombrit. Arrivé à l'astronomie par l'intérêt d'une de ses filles, il a pris une journée de congé pour observer ce "spectacle céleste exceptionnel".
Alors que la lumière se retire, la Lune se teinte de rouge dans la lunette de Julien Lecuyer. "Ce sont les rayons du soleil réfractés par l'atmosphère de la Terre", indique ce salarié dans l'aéronautique, passionné d'astronomie depuis 20 ans.
Bientôt, la Lune n'est plus qu'un globe cuivré, bordé d'un liseré brillant, suspendu au milieu des étoiles de la constellation des Poissons, auparavant occultées par la lumière de la pleine Lune.
"Si j'étais au gouvernement, j'aurais décrété lundi férié pour profiter de cette merveille", sourit Dominique Riva, une amatrice de 49 ans venue de Toulouse.
"Il y a peu de gens qui lèvent les yeux vers le ciel. Un soir comme ça, il devrait y avoir 200 personnes, c'est exceptionnel, ça vaut des heures et des heures de science physique", s'enthousiasme-t-elle.
"C'est magique de s'imaginer dans l'espace, le Soleil, la Terre, et pile-poil aligné, la Lune. On se sent tout petit, ça remet les choses en place", ajoute-t-elle.
Certains y voient une "pêche mûre", d'autres un "rubis", d'autres encore la comparent à une "perle de culture": pendant plus d'une heure, la Lune est métamorphosée.
"Les éclipses n'ont jamais la même couleur, cela dépend de la densité et de la qualité de l'atmosphère. Par exemple, si on a une éruption volcanique, les particules de poussière dans l'atmosphère produisent une couleur différente sur la Lune", indique M. Sanchez.
Au petit matin, l'astre finit, progressivement, par reprendre une teinte cendrée, alors que le froid commence à saisir le groupe. "L'astronomie est un art de grande patience", avait auparavant glissé en riant M. Alexandre.
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