Matthias Müller, le patron de Porsche, désigné vendredi pour succéder à Martin Winterkorn, le puissant chef du groupe Volkswagen, est un pur produit de l'empire aux douze marques, fin connaisseur de ses arcanes et apprécié en interne.
A 62 ans, ce grand amateur de football et de sports automobiles est un enfant du sérail, marqué du sceau Volkswagen de la tête aux pieds. Sa première voiture était une Coccinelle et son garage héberge maintenant une Audi TT et une Porsche 911 GT3.
Cheveux blancs et regard bleu azur, celui qui a promis vendredi "une investigation sans concession et une transparence maximale" sur l'affaire des moteurs truqués a longtemps cotoyé son prédécesseur Martin Winterkorn, avec qui il a collaboré chez Audi, marque dans l'escarcelle du géant automobile.
Lors de la passe d'armes en coulisses au mois d'avril entre M. Winterkorn et Ferdinand Piëch, alors président du conseil de surveillance, le nom du chef de Porsche pour prendre la succession du premier avait déjà circulé. Son heure a finalement sonné à la faveur du scandale des moteurs diesel truqués qui ébranle le groupe depuis une semaine.
Matthias Müller est depuis octobre 2010 à la tête de Porsche, fabricant des célèbres bolides de luxe 911 et filiale du groupe Volkswagen au sein duquel il a effectué toute sa carrière professionnelle.
Né le 9 juin 1953 à Chemnitz en RDA, le jeune garçon fuit durant son enfance le régime communiste est-allemand avec ses parents pour s'installer en Bavière, dont il garde aujourd'hui encore l'accent rond.
- "les mains dans le cambouis" -
Quelques années plus tard, il suit une formation d'apprenti mécanicien-outilleur dans les usines du constructeur Audi, où son père d'ailleurs exerce comme ingénieur. Cette période lui permet de "mettre les mains dans le cambouis" et de côtoyer "des gens simples", aime-t-il à raconter.
Il complète ce cursus par des études en technologies de l'information à Munich (sud) et fait ses premières armes à partir de 1977 comme analyste des systèmes, à nouveau chez Audi.
En 1993, il prend la tête du projet de développement du modèle A3 de la marque aux anneaux et commence à se faire un nom au sein du groupe. Gravissant rapidement les échelons, il endosse deux ans plus tard la responsabilité de l'ensemble de la gestion des produits d'Audi.
A partir de 2003, il est nommé responsable de toutes les lignes produits d'Audi et Lamborghini, avant d'être nommé en 2007 chef du développement des projets au siège du groupe à Wolfsburg (nord), où il a la haute main sur l'ensemble des produits de Volkswagen et des autres marques du groupe comme Skoda et Seat.
- fin connaisseur -
Très apprécié en interne, M. Müller se forge une réputation de décideur à la fois décontracté et lucide, rapportent les médias allemands. Ses anciens collègues saluent son esprit d'équipe et ses prises de décision de manière collégiale. Et s'il adopte parfois un ton bourru, c'est toujours au service de la cause, dit-on de lui.
En outre, ses excellentes relations avec les plus hauts échelons de direction du groupe sont portées à son crédit. Fin connaisseur du groupe, il jouit du soutien de membres des familles Piëch et Porsche, héritières de l'empire Volkswagen et qui contrôlent indirectement le mastodonte automobile.
Ses résultats à la tête de Porsche, englouti par le groupe Volkswagen en 2012 après bien des péripéties, sont quant à eux flatteurs. Entre 2012 et 2014, la marque a dopé ses volumes de ventes de plus de 30%, grâce notamment à l'attractivité de ses 4x4 citadins, et le cru 2015 n'annonce aucun ralentissement de ce rythme. Sur les huit premiers mois de l'année, ses livraisons de bolides ont déjà bondi de 30% sur un an.
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