Symbole du retour des autorités de transition, le Conseil des ministres, interrompu il y a une semaine au Burkina par un coup d'Etat, s'est de nouveau réuni vendredi à Ouagadougou, tandis que commençait, avec quelques frictions, le processus de désarmement des putschistes.
Rétabli après l'échec du putsch, le gouvernement de transition s'est réuni à 10H00 locales et GMT dans le centre-ville à la Primature, les ureaux du Premier ministre, "un cadre plus serein", selon le Premier ministre Isaac Zida, que le palais présidentiel où se déroule habituellement ces conseils dans le quartier de Ouaga 2000. D'importantes mesures de sécurité avaient été mises en place aux alentours.
"Bienvenus chez vous", a déclaré Job Ouedraogo, le directeur de cabinet du Premier ministre, au passage des ministres.
Le 16 septembre, c'est en plein conseil des ministres à la présidence que des soldats du Régiment de sécurité présidentielle (RSP), dont le camp jouxte le palais présidentiel, avaient fait irruption. Ils avaient pris président et gouvernement en otage, sonnant le départ du putsch, officiellement prononcé le lendemain.
A la sortie du conseil, vers 14H30, M. Zida a évoqué face à la presse "l'encasernement des hommes, leur réintégration et l'inventaire de l'armement". "Le processus se déroule normalement", a-t-il assuré.
"Désarmement et dissolution, pourquoi pas?", a-t-il lancé aux journalistes. Et à la question "Quand?", il a répondu: "Immédiatement".
Le détail des décisions prises vendredi par le conseil seront publiées dans un communiqué dans l'après-midi, a-t-il ajouté, laissant d'ores et déjà entendre qu'ils allaient "mettre en place une commission d'enquête sur le déroulement" du coup d'Etat. "Ceux qui auront à répondre devant la justice y répondront", a-t-il poursuivi.
"Le couvre-feu va se poursuivre deux à trois jours", a encore déclaré le Premier ministre burkinabè.
Avant le début du conseil, le président de la transition Michel Kafando, M. Zida et le président du Conseil national de la transition (parlement) s'étaient entretenus pendant environ une heure.
Puis, les ministres étant entrés dans la salle où devait se tenir le conseil, le lieutenant-colonel Zida, lui-même ancien du RSP en délicatesse avec ses ex-collègues, est allé chercher M. Kafando, qui a fait son entrée sous les applaudissements.
- 'Catégoriquement opposés' au désarmement -
Vers 13H30 (locales et GMT), le chef d'Etat major des Armées, le général Pingrenoma Zagré, rangé du côté des forces loyalistes après une période attentiste, a rejoint à son tour le conseil des ministres.
Parallèlement, a débuté un premier inventaire de l'armement du RSP, dirigé par le général putschiste Gilbert Diendéré. Ensuite, les armes du RSP devaient "réintégrer" les casernes.
Pourtant vendredi, ce désarmement ne semblait pas acquis, selon un haut gradé du RSP. Ainsi, les militaires de base du RSP, établis à la caserne Naaba Koom proche de la présidence, s'y "sont catégoriquement opposés", réclamant au préalable des garanties de sécurité pour eux et leurs familles.
"Ils ne sont pas contre de ne plus assurer la sécurité présidentielle mais ils souhaiteraient rester en unité constituée pour être plus efficaces même s'il faut les délocaliser", a encore dit ce haut gradé.
De source proche du dossier, la base du RSP a été particulièrement active dans la décision de lancer le coup d'Etat.
Le putsch a avorté mercredi, après que des unités loyalistes eurent fait mouvement vers la capitale pour s'opposer au RSP, suite à des violences ayant fait au moins 10 morts et plus de 100 blessés, lors de la répression de manifestations hostiles au coup d'Etat.
Michel Kafando a été officiellement rétabli dans ses fonctions, ainsi que le Premier ministre Zida, l'ensemble du gouvernement et l'assemblée intérimaire lors d'une cérémonie jeudi à Ouagadougou en présence de chefs d'Etat de la région.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousA lire aussi
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.