Le moral des ménages au plus haut depuis huit ans, des perspectives bien orientées dans le secteur privé: les signes encourageants se multiplient pour l'économie française, un mois après la publication d'indicateurs moroses et malgré un nouveau record du chômage en août.
"Les signaux sont assez contradictoires en ce moment, mais il y a des raisons concrètes de penser qu'on est dans un amorçage de reprise: le vent est favorable", résume Mathieu Plane, économiste à l'Observatoire française de la conjoncture économique (OFCE).
En septembre, l'indicateur mesurant le moral des ménages en France s'est ainsi amélioré à 97 points, soit son plus haut niveau depuis octobre 2007, d'après des résultats rendus publics vendredi par l'Insee.
Les Français ont ainsi été plus nombreux qu'en août (+4 points) à considérer "comme opportun" de faire des achats importants. Et plus nombreux à considérer que leur niveau de vie s'était amélioré et allait encore s'améliorer à l'avenir (+6 points).
Les ménages "semblent avoir complètement ignoré les informations concernant les inquiétudes accrues pour la reprise mondiale", estime Dominique Barbet, de BNP Paribas. Une "surprise", selon l'économiste, pour qui "la baisse d'impôts annoncée par le gouvernement" semble avoir eu "un impact plus important qu'attendu sur la confiance".
Autre raison à ce regain d'optimisme: la baisse des prix du pétrole, qui a eu un effet important sur le pouvoir d'achat des ménages. "Entre le dernier trimestre 2014 et le troisième trimestre 2015, l'effet immédiat a été de six milliards d'euros, soit trois fois plus que la baisse d'impôt", souligne Mathieu Plane.
Une évolution de bon augure pour la reprise de l'activité économique, le moral des ménages étant étroitement corrélé à la consommation, elle-même considérée comme le principal levier de croissance en France.
On saura mercredi si cette confiance s'est bien traduite en consommation, avec la publication de l'estimation Insee pour juillet-août.
"Les enquêtes montrent que les désirs d'achat des consommateurs progressent, que les immatriculations automobiles sont en hausse, et l'aubaine de la baisse des prix des matières premières à l'importation s'est encore amplifiée: on devrait avoir quelque chose de plutôt positif pour la suite", juge Olivier Passet, directeur des synthèses économiques chez Xerfi.
- 'Toussotement' -
Ce résultat encourageant vient s'ajouter à plusieurs chiffres positifs, publiés cette semaine. D'après l'indice PMI Markit, l'activité du secteur privé s'est ainsi améliorée en septembre pour le huitième mois consécutif. Et, d'après l'Insee, l'"indicateur de retournement" des entreprises reste bien orienté, illustrant une "situation conjoncturelle favorable".
De quoi mettre un terme aux doutes qui planent sur la réalité de la reprise? En août, des nuages noirs avaient semblé s'accumuler sur l'horizon de la croissance, en stagnation lors du deuxième trimestre. A commencer par la baisse de la production industrielle, en recul de 0,8% par rapport à juillet.
Ce chiffre "semble être un accident", estime Olivier Passet. Selon l'économiste, certains indicateurs ne sont certes "pas excellents mais ils sont en décalage avec les enquêtes (de climat des affaires) et en dissonance avec les autres pays européens".
Selon la majorité des économistes, l'économie française devrait se reprendre après cette panne de printemps et afficher une croissance au moins conforme aux prévisions de 1% en 2015 et 1,5% en 2016.
"Sur le court terme, on a des statistiques qui soufflent le chaud et le froid, mais cela s'explique par la situation de l'économie française: il y a une sorte de toussotement", analyse Mathieu Plane. "On a essuyé depuis 2008 une crise extrêmement violente, qui a endommagé le tissu productif. Du coup, le redémarrage va être plus lent que d'habitude".
Premier concerné selon l'économiste par ces soubresauts: le marché de l'emploi, qui reste dans le rouge. En août, le chômage a atteint un nouveau record avec 3,57 millions de demandeurs d'emploi en métropole.
"La croissance n'est pas assez forte pour créer suffisamment d'emplois", analyse Bruno Ducoudré, de l'OFCE. D'autant, selon lui, "qu'on a encore des sureffectifs dans les entreprises, qui n'ont pas de raison d'embaucher".
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