Touché en plein coeur par le scandale des moteurs diesel truqués, de dimension planétaire, le colosse automobile Volkswagen va désigner vendredi un nouveau capitaine pour le guider dans la tempête, après la démission retentissante de son patron.
Encore sonnés par la déflagration mondiale de cette affaire, les vingt membres du conseil de surveillance du constructeur de Wolfsburg (nord) doivent se réunir dans la matinée pour démettre officiellement de ses fonctions Martin Winterkorn, l'actuel PDG.
Celui que les médias allemands surnommaient tout récemment encore "M. Qualité" a annoncé mercredi son départ, endossant la pleine responsabilité du scandale tout en affirmant n'en avoir jamais rien su.
C'est Matthias Müller, 62 ans, actuel chef de la marque de luxe Porsche, qui va lui succéder, affirment plusieurs organes de presse allemands sur la foi de personnes proches du conseil. Cheveux blancs et regard bleu azur, M. Müller passe pour être très apprécié au sein du groupe, dont il dirige cette filiale depuis 2010.
La purge ne va pas se limiter au sommet de la pyramide. D'autres têtes vont tomber, a confirmé jeudi Olaf Lies, membre du conseil de surveillance. Celui-ci va se pencher sur "toute la structure de Volkswagen" et notamment son état-major.
Parmi les limogeages pressentis, la presse citait jeudi les noms d'un dirigeant de la marque Audi, l'une des 12 dans l'escarcelle de Volkswagen, du chef du développement de Volkswagen et d'un membre du directoire de Porsche, également une filiale du groupe.
- Nombreuses menaces -
Le constructeur espère ainsi prendre un nouveau départ, après avoir avoué cette semaine avoir équipé quelque 11 millions de véhicules dans le monde d'un logiciel destiné à tromper les contrôles anti-pollution et faire ainsi passer ses voitures pour plus "vertes" qu'elles ne l'étaient auprès des consommateurs et des autorités.
Ces aveux ont fait l'effet d'un coup de tonnerre en Allemagne et dans le monde, mettant un sérieux coup de griffe au sérieux et à l'image d'intégrité tant mis en avant par Volkswagen ces dernières années.
Le nouveau chef et son directoire remanié devront gérer les conséquences commerciales et judiciaires de l'affaire, difficilement appréciables pour le moment. Volkswagen a déjà provisionné 6,5 milliards d'euros dans ses comptes, mais encourt rien qu'aux Etats-Unis une amende maximale de 18 milliards de dollars (16 milliards d'euros).
Aux Etats-Unis, où elle a éclaté la semaine dernière, le constructeur fait déjà de surcroît en quelques jours l'objet de nombreuses plaintes en nom collectif - les fameuses "class-actions" - et des enquêtes ont été ouvertes dans plusieurs pays, dont l'Allemagne.
Après Fitch la veille, l'agence de notation américaine Standard and Poor's (S&P) a annoncé jeudi qu'elle plaçait le groupe allemand Volkswagen sous "surveillance négative", l'étape préalable à un possible abaissement de la note de sa dette.
- Nouvelle stratégie -
Sur le papier, l'année 2015 se présentait sous les meilleures auspices pour Volkswagen, mastodonte aux douze marques, qui a récemment détroné le japonais Toyota comme numéro un mondial des ventes.
Outre la gestion de la crise, le nouveau numéro un devra toutefois remettre à plat la stratégie d'un groupe énorme - 10 millions de voitures vendues en 2014, 202 milliards d'euros de chiffre d'affaires, 590.000 de salariés - géré jusqu'alors de manière très centralisée.
Sous M. Winterkorn et son mentor Ferdinand Piëch, parti au printemps dernier, le groupe fonctionnait sous la devise: "un décide, les autres suivent", rappelle le journal allemand Handelsblatt.
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